Le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, a réitéré, hier à Alger, à l'occasion de la cérémonie d'ouverture de l'année judiciaire, une activité qui n'était pas annoncée au demeurant, ses engagements concernant la séparation de l'argent de la politique. Evoquant les élections, Abdelmadjid Tebboune, président du Conseil supérieur de la magistrature, qui s'exprimait devant les magistrats à la Cour suprême, a rappelé que l'Etat a tenu à "exclure les détenteurs de l'argent sale, à travers la révision du régime électoral, dans le but de moraliser la vie politique, de contrer l'influence de l'argent sale sur le processus électoral et de laisser la place aux jeunes en leur apportant tout le soutien pour pouvoir participer à la prise de décision". Il faut rappeler que cette guerre contre l'argent mêlée à la politique a été engagée par Abdelmadjid Tebboune à l'été 2017, lors de son passage éphémère à la primature, ce qui lui avait valu son poste deux mois plus tard au terme d'un bras de fer avec certains cercles d'affaires proches du défunt président. Pour le chef de l'Etat, l'ouverture de l'année judiciaire est une occasion de passer en revue "les étapes et les acquis réalisés par le secteur de la justice, de rappeler les objectifs fixés, d'esquisser les contours futurs auxquels nous aspirons, de parachever l'édification de l'Etat de droit et de jeter les bases d'un pouvoir judiciaire solide, indépendant et efficient, à même de renforcer la confiance du citoyen envers l'Etat et de nourrir en lui le sentiment de sécurité et de quiétude". Dans ce contexte, précisément dans le volet lié à l'indépendance de la justice, Abdelmadjid Tebboune a indiqué qu'il s'est "engagé devant Dieu et devant tout le peuple algérien, qui m'a accordé sa confiance lors de la Présidentielle, à satisfaire ses revendications et ses aspirations légitimes pour un changement global et véritable devant déboucher sur un redressement national, à assurer un nouveau départ pour notre pays, et permettre à nos concitoyens de vivre au sein d'une Algérie démocratique, prospère et fidèle aux valeurs de la Révolution du 1er Novembre et au message des chouhada". Pour que la justice soit crédible, il estime qu'il faut "respecter ses décisions". Il s'est ainsi interrogé sur "l'intérêt de promulguer des textes de loi et de rendre des jugements s'ils ne sont pas exécutés dans les plus brefs délais" pour permettre au justiciable de rétablir et de jouir de son droit. "Ce phénomène était monnaie courante au sein de certaines institutions de l'Etat, économique ou administrative, où la décision du juge n'était pas respectée", a fait remarquer Abdelmadjid Tebboune en qualifiant cette situation "d'illogique", dans le sens, dit-il, "où l'on ne saurait construire un Etat de droit si le citoyen, en possession d'un jugement rendu en sa faveur, n'est pas en mesure de prendre son droit". Abdelmadjid Tebboune a profité de cette occasion pour rassurer les juges sur leur statut avec l'accord d'une grande autonomie au Conseil supérieur de la magistrature. Il a rappelé que les réformes engagées dans le secteur de la justice "ont permis d'accorder toutes les prérogatives de gestion des affaires des magistrats au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), composé dans sa majorité de magistrats élus par leurs pairs, de même que la représentation syndicale des magistrats est présente dans ce Conseil". Il s'est engagé, dans ce sens, pour que "toutes ces garanties soient concrétisées avec la promulgation de la loi organique portant statut des magistrats et celle relative au CSM", tout en enjoignant le gouvernement d'examiner "ces deux lois en vue de leur présentation au Parlement".