Onze hirakistes ont comparu hier devant le tribunal correctionnel de Sénia pour répondre des chefs d'accusation de "rassemblement non armé", "offense au président de la République" et "outrage à corps constitués". Les faits de cette affaire remontent au mardi 8 septembre 2020 lorsqu'un groupe d'activistes désireux de maintenir le Hirak a tenté d'organiser un sit-in de protestation dans la daïra de Sénia, loin d'un centre-ville oranais verrouillé par les services de sécurité. À peine se sont-ils retrouvés et ont entonné quelques slogans hostiles au pouvoir que les protestataires ont dû se disperser afin de ne pas être interpellés par les premiers policiers qui venaient de surgir. Les quelques minutes de la manifestation, immortalisées dans un live, ont fini entre les mains des services de la police qui ont vite fait d'identifier les participants et d'engager des procédures judiciaires. Les chefs d'accusation retenus ont fait bondir les avocats de la défense qui ont dénoncé de graves transgressions de la loi. " Comment parler de rassemblement non armé alors que les accusés n'ont pas été interpellés sur place ? Les éléments constitutifs de l'accusation tel que stipulé par l'article 97 du code pénal ne se sont donc pas réunis", a notamment plaidé Me Omar Boussag en demandant l'annulation de la charge. L'avocat a également dénoncé l'exploitation des données numériques du téléphone de l'accusé qui avait retransmis le live du sit-in sans, a-t-il reproché, réquisition du procureur de la République. Interrogés sur leur participation ou non à la manifestation, plusieurs accusés ont nié leur présence sur les lieux le 8 septembre 2020. "Certains d'entre qui ne figurent pas sur la vidéo, ont été cités pour leur appartenance au mouvement", a relevé Kacem Bensaïd, figure active du Hirak oranais, en défendant son droit à exprimer ses positions politiques et à manifester pacifiquement son désir de changement. Ce que les autres accusés ont également soutenu en revendiquant leur appartenance au Hirak et son caractère non violent. Au procureur de la République qui a laconiquement requis six mois de prison ferme et 50 000 DA d'amende, les avocats de la défense ont répliqué que les accusés ne sont pas coupables des faits reprochés, qu'ils ont juste exercé leur droit à exprimer leur opinion dans un cadre pacifique et qu'ils doivent bénéficier de la relaxe. Belkacem Maza, Kacem Bensaïd, Abdelhadi Abbès, Bendiar Maâmmar, Karim Ilyès et leurs compagnons seront fixés sur leur sort le 8 novembre prochain. Par ailleurs, il convient de signaler que Belkacem Maza, greffier, impliqué dans le Hirak et dont le procès en appel s'était tenu le 6 octobre dernier, a été relaxé par la cour d'appel. En avril dernier, l'homme avait été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis pour outrage à corps constitués et discrédit de décisions juridictionnelles.