Le parquet a requis, hier matin, six mois de prison ferme contre Belkacem Maza, greffier de la cour d'Oran et hirakiste, pour attroupement non armé, outrage à corps constitués et discrédit de décisions juridictionnelles. À la barre du tribunal correctionnel de Fellaoucène, l'accusé a rejeté l'ensemble des accusations qui pesaient sur lui en déclarant que sa participation au Hirak relevait de l'exercice d'un droit consacré par les lois de la République. Lois que ceux qui sont chargés de les protéger n'hésitent pas à piétiner lorsqu'il est question de manifestations contre le pouvoir, ont déploré les différents avocats. En l'occurrence, les services de sécurité mais également certains fonctionnaires de la justice acceptent de poursuivre des citoyens revendiquant leur droit à la parole. "Ces poursuites, souvent infondées, obéissent à un seul impératif : vider la rue de la contestation et des hirakistes", a expliqué l'avocate Me Fatima Zohra Meziane en rappelant que les procédures engagées contre les manifestants n'ont généralement aucun fondement juridique. "Lorsqu'il s'agit d'outrage à corps constitués, il n'y a jamais de plainte ni de partie civile contrairement à ce que stipule la loi. Quelle institution a été outragée par Belkacem Maza et pourquoi n'était-elle pas représentée dans ce procès ?" s'est-elle interrogée pour souligner la "vacuité du dossier d'accusation". Et comme souvent quand il est question de procès du Hirak et qu'ils ne trouvent pas matière à un débat de droit, les avocats s'engagent sur le terrain politique "parce que ce sont des procès politiques éminents", souligneront Mes Mebrek et Mekkaoui dans leurs plaidoiries respectives, provoquant une intervention énergique de la représentante du parquet qui n'hésitera pas à prendre la parole dans une tentative de "ramener les plaidoiries de la défense au dossier présent". Une interruption mal accueillie par la défense qui lui a signifié que "la police d'audience appartient au président" et que son intervention intempestive, en tant que partie du dossier, était malvenue. Les avocats qui ont tous plaidé la relaxe de Belkacem Maza ont ainsi axé l'essentiel de leurs interventions sur "la nature politique" des poursuites que démontrent notamment l'absence de plaignants et le non-respect des procédures de dispersion des attroupements non armés. Le verdict a été mis en délibéré pour le 4 avril 2021. Rappelons que Belkacem Maza, militant de la Ligue des droits de l'Homme et membre actif du Hirak, a fait l'objet d'une suspension conservatoire, le 17 septembre 2020, avec une retenue de la moitié de son salaire.