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“Un choc sur l'emploi mais absorbable par le marché” Mustapha Mekidèche, conseil en stratégie, vice-président du CNES, sur l'impact de l'accord d'associa
Dans cet entretien, l'expert, incontournable dans les débats économiques dans le pays, souligne que l'Algérie peut tirer profit de l'accord à travers les préférences accordées à certaines exportations algériennes pour l'accès au marché communautaire et les alliances et partenariats entre les Pme locales et les firmes européennes. Liberté : Deux mois après l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE, quel premier bilan peut-on en tirer ? Mustapha Mekidèche : Cette période est extrêmement courte pour en tirer un premier bilan au regard, notamment du temps pris pour la signature et l'entrée en vigueur de cet accord, celui de la décennie écoulée et le temps pour que ce dernier produise tous ses effets, c'est-à-dire celui de la prochaine décennie. En fait, les effets immédiats ont surtout été psychologiques pour le moment, même si la première liste du démantèlement tarifaire concerne déjà 2 076 produits. Une exception cependant a été le vif débat autour du système de contingentement des produits concernés à tarif zéro et la procédure du premier arrivé premier servi. Il s'agit du sucre en particulier. Sans vouloir distribuer de bons points, il faut quand même relever la bonne réactivité de l'administration algérienne des douanes qui a anticipé la mise en place des instruments d'exécution de cet accord pour ce qui la concerne. Enfin, j'ai relevé dernièrement une observation plus soutenue des vigies économiques des grands pays de l'UE dont s'est fait l'écho votre journal quant à l'évolution des activités de contrefaçon en Algérie. Ce qui n'est d'ailleurs pas une mauvaise chose puisque cela va constituer un appui supplémentaire plus qu'une pression pour lutter — comme cela sera exigé demain par l'OMC — contre les activités économiques informelles et délictueuses. Quels sont les effets négatifs de cet accord ? On peut effectivement s'attendre à ce que le démantèlement tarifaire partiel et/ou total de certains produits va affecter les activités produisant les mêmes marchandises en Algérie. Cela se traduira, selon certaines évaluations officielles, par la perte de 50 000 emplois. Mais de mon point de vue, cet impact est absorbable par le marché algérien du fait de la concurrence des produits asiatiques (rapport qualité/prix et gain de change dollar contre euro), de la montée des USA qui prennent la première place dans la balance commerciale et malheureusement la concurrence du marché informel. Quels sont les effets positifs de l'arrangement ? Parlons pour le moment d'effets positifs potentiels. Les IDE européens vont être boostés par les dispositions de l'accord relatives à la liberté d'installation et le traitement national. Un autre effet positif potentiel dont on a très peu parlé est la préférence donnée à certaines exportations algériennes pour l'accès au marché communautaire. Sous réserve d'une certification d'origine, c'est-à-dire tout simplement d'une intégration relative de valeur ajoutée locale, l'Algérie peut devenir un atelier pour certains produits industriels visant le marché européen. S'agissant également de certains produits agricoles, des excédents de bonne qualité et dans le bon timing apparaissent en Algérie. Nous pouvons reconquérir au moins nos anciennes parts de marché sur le marché européen. Des experts de l'OCDE que nous avons rencontrés récemment nous disaient qu'être un nouveau entrant offrait toujours un avantage comparatif. Il faut s'affranchir d'un complexe développé vis-à-vis de nos voisins, en particulier, quant à notre incapacité à exporter autre chose que des hydrocarbures. Que préconisez-vous pour atténuer les effets négatifs ? J'ajouterai saisir et consolider les opportunités offertes par l'accord d'association. Le premier aspect, du point défensif puisque telle est votre question, est de faire un premier bilan de la mise à niveau des entreprises algériennes pour élargir et accélérer le processus avec non seulement les ressources prévues au programme MEDA, mais également des ressources propres, y compris publiques et y compris d'acquisition d'équipements. Il conviendra d'accélérer les alliances ou les partenariats, y compris au niveau des PME, avec les entreprises européennes à la faveur des privatisations et des rachats de dettes, l'accord d'association offrant un cadre stabilisé motivant. Des mesures plus générales en faveur de l'entreprise dans le cadre d'une stratégie industrielle clairement définie sont de nature non seulement à atténuer les conséquences négatives, mais également et surtout à tirer profit des opportunités offertes par l'accord d'association. C'est ce défi que devront relever les entreprises algériennes actuelles et celles qui seront créées. Elles n'ont pas d'autre choix car l'Algérie est en économie ouverte de façon irréversible. M. R.