Pour la communauté internationale, la tenue de ce double scrutin est essentielle pour pacifier le pays qui compte les réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique. La situation est tendue en Libye où l'on observe la montée des tensions et des incursions de milices dans certaines régions. Situation qui a poussé le ministre de l'Intérieur à sonner l'alerte devant les tentatives de saboter cette échéance électorale, la première dans le pays. Les médias locaux évoquent des prémices d'un glissement sécuritaire qui risque d'emporter le processus de construction institutionnel et replonger la Libye dans le chaos. Mardi, le ministre de l'Intérieur, Khaled Mazen, a reconnu ne pas être en mesure de sécuriser le processus électoral après une série d'incidents survenus dans la ville de Sebha (Sud). D'où son idée d'un éventuel report du scrutin qui doit se tenir dans moins d'un mois et que la communauté internationale soutien et insiste pour sa tenue dans les délais. Pour la communauté internationale, la tenue de ce double scrutin est essentielle pour pacifier le pays qui compte les réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique. Ce scrutin reste néanmoins hypothétique en raison des profondes divisions qui continuent de faire rage parmi les élites politico-militaires du pays. Des partisans de l'homme fort de l'Est, Khalifa Haftar, lui-même candidat, ont bloqué pendant plusieurs jours l'accès au tribunal de cette ville semi-désertique pour empêcher Seif al-Islam Kadhafi, le fils de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, de faire appel du rejet de sa candidature. La commission judiciaire chargée d'examiner ce recours a finalement décidé mardi de reporter sine die ses conclusions. C'est probablement le comportement des hommes de Haftar que le ministre de l'Intérieur a pris en compte pour tirer la sonnette d'alarme et évoquer le risque de reporter la présidentielle parce que le gouvernement ne peut pas sécuriser son déroulement. "La perturbation continue du plan de sécurité et la recrudescence des violations et des agressions saperont les efforts déployés pour la sécurisation (du processus électoral), et cela aura un impact direct sur le déroulement des élections et notre engagement à les tenir à la date prévue", a dit le ministre de l'Intérieur, Khaled Mazen. Cela fait plusieurs semaines que les tensions vont crescendo : fin septembre, le Parlement basé à Tobrouk (Est) a voté une motion de censure contre l'Exécutif intérimaire chargé de conduire le pays vers les élections, prenant le risque de torpiller le processus. La présence de combattants étrangers et de mercenaires représente une menace supplémentaire contre le processus électoral libyen. Avis que ne partage pas la Haute commission électorale (Hnec) qui se dit prête a en assurer l'organisation. Pour la présidentielle, elle a publié une première liste de candidats et distribue désormais les cartes d'électeurs, apportant un semblant de normalité au processus. Quelque 2,4 millions de Libyens ont récupéré leur carte d'électeur, sur une population de sept millions, selon la commission. Dans une lettre sur son compte twitter, Seif al-Islam a appelé ses partisans et tous les Libyens à continuer à retirer leurs cartes électorales.