Intervenant à l'occasion de la fin de l'année 2021 pour évaluer la situation politique et socioéconomique du pays, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a longuement prévenu contre les dangers encore plus importants qui guettent le pays durant cette année 2022 en raison, notamment, de la nouvelle loi de finances entrée en application hier, 1er janvier. Tout en faisant le procès du gouvernement pour sa gestion de la situation du pays durant toute cette année 2021, Louisa Hanoune estime que l'année à venir risque d'être encore pire. "La situation était déjà catastrophique sur tous les plans en 2021 dont le bilan est un véritable scandale tant aussi bien les acquis sociaux que démocratiques sont remis en question, et elle s'annonce encore plus sombre en 2022", a-t-elle déclaré tout en citant la nouvelle loi de finances et les lois liberticides promulguées comme les deux principales sources de l'aggravation de la situation politique et socioéconomique du pays. Au plan politique, Louisa Hanoune se dit surtout inquiète par la situation des libertés démocratiques dans le pays. Tout en rappelant la situation "catastrophique" en la matière durant l'année 2021, où plus de 300 détenus d'opinion sont enregistrés sans compter, dit-elle, des milliers d'autres victimes de l'arbitraire, Louisa Hanoune estime que désormais, "l'exercice politique est plus que jamais en danger. Il y a aujourd'hui menace même sur le multipartisme et les acquis démocratiques". "La promulgation de lois liberticides sous le couvert de lutte contre le terrorisme a généré une confusion et ouvre la voie, dans leur application, à tous les dépassements", a-t-elle dénoncé, soulignant que les atteintes aux libertés ont atteint un niveau terrifiant. "Une simple publication sur une page personnelle conduit à la prison", a-t-elle déploré. Sur le plan social également, a-t-elle enchaîné, la situation, qui a engendré ce qu'elle qualifie de "désintégration effroyable", risque de s'aggraver. "La loi de finances pour 2022 constitue une véritable déclaration de guerre contre la majorité du peuple algérien. Cela parce qu'elle remet en cause les transferts sociaux et les subventions, ce qui va aggraver l'effondrement du pouvoir d'achat qui est déjà laminé tant la hausse a déjà atteint les 300% sur certains produits", a-t-elle analysé, tout en la qualifiant de "loi antisociale". Pour elle, la situation risque d'être d'autant plus grave avec les nouvelles orientations en matière de lois sur l'investissement qui visent la privatisation du secteur public, ce qui va accentuer la désindustrialisation et l'abandon du rôle de l'Etat, et aussi avec l'intention de créer des zones franches, soit des zones de non-droit qui vont favoriser l'exploitation des enfants. "Si en 2021, l'Algérie a connu un autre drame, à savoir celui de l'immigration clandestine qui a touché des chômeurs, des cadres, des diplômés, des femmes et des bébés, c'est parce que sur le plan social, les horizons sont fermés et sur le plan politique, le champ des libertés s'est rétréci", a analysé Louisa Hanoune, qui estime qu'il est temps d'ouvrir le débat au sein de la société avec toutes ses franges pour qu'au lieu que 2022 soit une année de drames et de nouvelles catastrophes, elle soit plutôt l'année de l'espoir, de la libération des détenus et de la fin de l'instrumentalisation de la justice. "L'esprit de 2019 est toujours là comme l'est l'esprit de Novembre 1954", a-t-elle prévenu.