Pour la formation de Louisa Hanoune, le salut de l'Algérie passe par un certain nombre de mesures à prendre en urgence, notamment le gel de l'ensemble des mesures antisociales et antinationales contenues dans la loi de finances 2022, la cessation des atteintes aux libertés et la libération des détenus politiques et d'opinion. À l'issue de sa première session de 2022, le secrétariat du bureau politique (SBP) du Parti des travailleurs a rendu public, hier, un communiqué dans lequel, il s'alarme de la détérioration de la situation socioéconomique du pays et des risques qui guettent l'Algérie si le gouvernement s'entête à poursuivre sa politique "antisociale et antinationale". Loin de lésiner sur les mots, le PT n'a pas hésité à qualifier la nouvelle loi de finances de "déclaration de guerre contre la majorité du peuple algérien", à dénoncer la "flambée meurtrière" du marché des produits de consommation et à alerter sur les "conséquences mortelles sur le pouvoir d'achat" que les augmentations prévues par la LF-2022 ont entraînées depuis début janvier. Evoquant l'augmentation vertigineuse des prix des produits de large consommation depuis l'annonce, à l'été 2021, de la suppression des subventions sur 14 produits de première nécessité, la hausse "effrayante" des prix des produits de consommation provoquée par l'augmentation des prix des intrants dans la fabrication des produits agroalimentaires, la majoration de 50% sur le prix de la baguette de pain, la pénurie de l'huile de table et de la farine, le parti de Louisa Hanoune n'a pas manqué de rappeler "les manifestations concernant le sucre et le café" de janvier 2011 qui "ont failli faire basculer l'Algérie dans le chaos du Printemps arabe". La situation est d'autant plus grave, pour le PT, qu'au moment même où la loi de finances entrait en vigueur, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, faisait deux annonces dans un même discours : l'ajournement de l'allocation chômage et le report de l'augmentation du point indiciaire des salariés de la Fonction publique, mesure qui était déjà incertaine, souligne encore le PT, aucune enveloppe budgétaire n'ayant été prévue à cette fin dans la LF-2022. Quant à l'allègement annoncé de l'IRG pour les salariés, le SBP préfère tempérer : "Il est établi qu'il n'aura aucune incidence sur les bas salaires étant donné que les augmentations sont dérisoires par rapport au coût de la vie (...)." Le PT n'hésite pas à s'appuyer sur le controversé rapport de la Banque mondiale — même si cette institution, souligne le parti politique, adoube les "contre-réformes" économiques décidées par le gouvernement — qui alerte sur la dégradation de la situation sociale et des risques qu'elle peut engendrer. La dégradation "terrifiante" de la situation sociale, continue le PT, "ouvre la voie à l'instabilité menaçant la sécurité nationale" et aggrave "la détresse de la jeunesse algérienne poussée de plus en plus vers la harga (...)". Abordant le dossier Covid-19, le parti de Louisa Hanoune, qui déplore "la dégradation effrayante de la situation sanitaire", estime que le gouvernement n'a pas tiré les leçons des 3 premières vagues, lui qui "présente le vaccin comme une solution-miracle démentie par la réalité" du nombre de vaccinés contaminés dans le monde, au lieu de généraliser la gratuité des examens médicaux et de doter les hôpitaux des moyens humains et matériels nécessaires. "Le gouvernement porte l'entière responsabilité de cette détérioration meurtrière de la situation sanitaire et, donc, des nouvelles pertes de médecins hospitaliers, du fait de l'absence des moyens de protection", accuse encore le PT. Mises en garde Sur un autre plan, la formation de Louisa Hanoune brosse un tableau noir de la situation des droits de l'Homme et des libertés démocratiques en énumérant le maintien en détention de 300 détenus politiques et d'opinion, les milliers de militants victimes de l'arbitraire, le recours exagéré à la détention préventive et le harcèlement judicaire permanent contre des journalistes. Une situation de "remise en cause du droit à l'exercice de la politique, des libertés individuelles et collectives" qui "fragilise davantage notre pays et ouvre la voie aux diverses ingérences étrangères", estime le PT, qui en veut pour preuve la requête adressée au gouvernement algérien, le 27 décembre 2021, par le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, qui "réitère" sa "préoccupation" de "la définition des actes terroristes adoptée par l'article 87 bis" du code pénal. Le PT, qui avertit aussi contre le "dépeçage du pays" qu'entraînerait l'instauration de zones franches au profit des multinationales (...) favorisant l'exploitation des travailleurs et des enfants (...), a, par ailleurs, exprimé ses inquiétudes concernant l'avant-projet de révision de la loi 90-14 relative à l'exercice des libertés syndicales, examiné très récemment par le Conseil des ministres. Le texte de loi, craint le Parti des travailleurs, porterait les germes de "la caporalisation des syndicats par l'administration", "la confiscation du droit à l'organisation politique pour les syndicalistes" et "la privation des travailleurs non déclarés à la Cnas de l'exercice du droit syndical". Pour le PT, le salut de l'Algérie passe par un certain nombre de mesures à prendre en urgence, notamment le gel de l'ensemble des mesures antisociales et antinationales contenues dans la loi de finances 2022, la cessation des atteintes aux libertés et la libération des détenus politiques et d'opinion. Il passe, également, par la prise en charge réelle des besoins de l'immense majorité du peuple travailleur à travers une "véritable politique économique basée sur une réelle augmentation des salaires et pensions qui engendrera une augmentation de la consommation à même de booster la production et relancera la machine économique créatrice d'emplois véritables". Soit "l'arrêt de l'orientation idéologique de retour aux privatisations du secteur public qui consacre le pillage étranger et programme la désertification économique du pays, une orientation dont les responsables eux-mêmes reconnaissent l'échec après plus de deux décennies de mise en œuvre", conclut le PT.