Les occupants des habitations menacées par le glissement de terrain à Aïn El-Hammam, à 50 km à l'est de Tizi Ouzou, sont désormais plongés dans un désarroi extrême. Après avoir passé plus d'une dizaine d'années avec la peur au ventre de voir leurs habitations s'écrouler, voilà qu'ils se réveillent le matin et découvrent, placardé sur les murs, un arrêté portant injonction d'évacuation. En effet, les occupants d'une quinzaine d'immeubles situés sur le boulevard Colonel-Amirouche, au centre-ville d'Aïn El-Hammam, sont invités à ne plus remettre les pieds dans leurs habitations et commerces suite à un "péril imminent" constaté par les services du Centre de diagnostic et d'expertise (CDE). "Considérant l'urgence et le péril imminent constaté par les services du Centre de diagnostic et d'expertise, (...) et considérant qu'il importe de faire cesser ce péril dans l'intérêt public et d'ordonner la démolition des immeubles en cause, et afin de prémunir les vies humaines, les immeubles, en partenariat APC-Cnep, situés sur le boulevard Colonel-Amirouche sont interdits définitivement à l'habitation et à toute utilisation et il sera procédé à l'évacuation totale de leurs occupants", est-il écrit dans cet arrêté, pris par les autorités locales suite à un courrier émanant de la Direction de l'urbanisme, de l'architecture et de la construction. Dans cet arrêté, il est également clairement stipulé que les propriétaires, locataires et titulaires de droits réels "sont mis en demeure de quitter les lieux dès réception du présent arrêté". Dans l'article 3 de l'arrêté, il est aussi stipulé que ce document sera notifié aux propriétaires, mais les concernés disent en avoir pris connaissance sur les murs de la ville. "Nous avons été choqués de découvrir cet arrêté sur les murs de la ville, vendredi matin", affirme Tassadit A. K., une habitante concernée qui dit ne plus savoir à quel saint se vouer. "Les représentants des autorités auraient dû se rapprocher des habitants concernés pour les rassurer et en même temps les tenir informés. Ce n'est pas un jeu d'enfant que de se voir ordonner de quitter sa maison, quand bien même serait-elle menacée d'effondrement", soutient-elle, affirmant qu'une grande confusion règne désormais dans le quartier tant aucun mot n'a été soufflé quant au relogement des habitants. Pour ces derniers, "cela ressemble à un cauchemar car, de surcroît, ce fâcheux événement se produit en pleine période hivernale". Pour rappel, cette menace d'effondrement causée par un glissement de terrain perdure depuis plus de dix ans à Aïn El-Hammam. Selon, une étude menée par le laboratoire de géomatériaux et environnement de l'université de Tizi Ouzou, les premiers signes morphologiques d'instabilité dans la ville d'Aïn El-Hammam ont été relevés en décembre 1969 et les premières fissures ont été observées après la fonte des neiges de l'hiver 2004-2005, puis d'autres indices plus marqués ont été observés en 2009. En 2012, le ministre de l'Habitat de l'époque, Noureddine Moussa, qui visitait un autre important glissement de terrain à Azazga, avait annoncé le lancement d'une étude géotechnique pour les deux glissements d'Azazga et d'Aïn El-Hammam. Mais, depuis cette période, la seule mesure concrète prise a été la démolition, en 2019, de deux immeubles affectés par le glissement. Que feront désormais les autorités devant cette urgence ?