Malgré le démenti formel du parquet, le Comité de défense des détenus persiste à affirmer que "des dizaines de détenus continuent leur grève de la faim" à la prison d'El-Harrach. Le démenti du parquet, rendu public samedi soir, a, en effet été suivi d'un communiqué du Comité de défense des détenus, qui persiste et signe : "Des dizaines de détenus politiques" de la prison d'El-Harrach ont entamé, dès la fin de la semaine dernière, une "grève de la faim pour la dignité". Dans un communiqué, le Comité de défense indique que les grévistes comptent, ainsi, "rappeler leur statut de détenus politiques" et réclamer "des procès équitables". Le collectif de défense des détenus a assuré, dans son communiqué, que "cette grève existe bel et bien". Le document rappelle que "certains grévistes" avaient même entamé leur "mouvement avant vendredi". Sauf que "l'administration pénitentiaire a enregistré certaines demandes et pas d'autres", précise le Comité. Le Code de procédure pénale exige en effet que les détenus souhaitant observer une grève de la faim doivent signaler cela à l'administration pénitentiaire. Selon certains avocats qui se sont déplacés à la prison d'El-Harrach, le nombre de grévistes n'est pas connu. Abdellah Haboul a évoqué "une quarantaine" de détenus qui ont cessé de s'alimenter. "Il s'agit de détenus politiques et ils veulent que cela se sache. Et puis, ils réclament des procès équitables et dans des délais raisonnables", a détaillé Abdellah Haboul, qui compte quelques mandants grévistes. Pour lui, "la majorité des grévistes ont été arrêtés dans les manifestations de la recrudescence du Hirak, en 2020 et 2021". Pour l'avocat Abdelghani Badi, beaucoup parmi ces détenus grévistes sont "accusés d'appartenir au MAK ou à Rachad". Dans certains cas, "l'article 87-bis du Code pénal a été appliqué avec effet rétroactif", rappelle l'avocat. Cette réplique des avocats intervient suite au démenti publié par le parquet d'Alger qui a indiqué "avoir enregistré des cas de grève" et "menacé les auteurs" de la diffusion de cette information de "poursuites pénales". Le parquet général près la cour d'Alger a démenti ce qu'il a considéré comme des "informations tendancieuses dans la mesure où aucun mouvement de grève n'a été enregistré au sein de cet établissement pénitentiaire". Il menace de poursuites pénales les auteurs de cette information "car les informations de cette nature ont pour but d'impacter négativement l'ordre public et les institutions".