Résumé : Après la fièvre des retrouvailles, Mordjana est déçue par la froideur de sa mère. Cette dernière lui reproche d'avoir ramené son mari et lui révèle qu'elle n'avait pas les moyens de préparer un dîner digne de son rang. La jeune femme, qui s'attendait un peu à la réaction de sa mère, lui proposera de l'argent. Mais elle semblait plutôt réticente. Elle pousse un soupir. -Je me sens tellement seule, tellement fatiguée, depuis ton mariage. Je n'arrive plus à tout gérer toute seule. -Je comprends mère. Mais je ne suis pas ton unique enfant. Les autres peuvent facilement me remplacer. Elle secoue la tête. -Non. Ce n'est pas pareil. Tu es l'aînée. Tu as affronté les mauvais jours avec moi. Maintenant, je n'ai plus sur qui m'appuyer. -Voyons, maman. Tu as mis au monde quinze enfants ! -C'est ça qui me fait mal. Autant retrouver des inconnus dans la foule ma fille. Mordjana ne dit rien. Elle regarde sa mère, puis court retrouver Laïd pour l'envoyer faire des courses. De retour dans la cuisine, elle remarque que sa jeune sœur Safa avait préparé du thé et des gâteaux aux dattes. Sans dire un mot, elle s'attable devant un verre de thé et mord dans un gâteau qu'elle trouvera succulent. -Tu es un véritable cordon bleu, Safa. Tes gâteaux sont exquis. - Et toi tu es devenue très belle, Mordjana. Les voisines vont s'en mordre les doigts, lui lance Safa qui n'avait cessé de la contempler. Elle lui sourit gentiment avant de revenir à sa mère. -Et toi maman ? Comment me trouves-tu ? Sa mère fronce les sourcils et hausse les épaules. -Bof. Tu t'es peinturlurée, voilà tout. Avant on te voyait au naturel. -Ce n'est pas vrai !, s'écrie Safa. Mordjana est devenue une vraie beauté. Son mari aussi est un très bel homme. -Tu trouves, Safa ? -Oui ma sœur. Samir ressemble à un acteur. Je le trouve vraiment beau. -Merci ma chérie. J'ai ramené des petits présents pour chacun de vous. Après le dîner, je vais ouvrir ma valise et vous appeler un par un. -Chouette ! Je vais enfin recevoir un cadeau pour mon anniversaire. -Ton anniversaire ? -Oui. Je viens d'avoir 14 ans aujourd'hui même. -Tiens, je l'ai oublié, Safa. Pourtant, c'était moi qui organisais vos anniversaire à tous. Sa mère hoche la tête. -Je vois que la ville n'a fait de toi qu'une bouchée. Tu nous dénigres maintenant, ma fille. -Tu te fais des idées, maman. Je ne pourrai jamais renier mes origines. Tu le sais bien. -Peut-être. Cependant la vie dans une grande ville du Nord aura vite fait de te forger à tout jamais dans son quotidien. Mordjana soupire. -Tu veux que je te dise maman ? Je suis toujours Mordjana ta fille. Celle que tu as mise au monde et tu as élevée. Malgré ma métamorphose, je serai toujours une provinciale pour les citadins. -À te voir ainsi accoutrée et transformée, on a du mal à le croire. -Ce n'est pas l'apparence qui peut changer la personnalité d'un être. Grâce à Dieu, je suis tombée sur un mari aimant et compréhensif, qui dès le début de notre mariage n'a pas lésiné sur les efforts pour me rendre heureuse. -Et il t'a proposé de te faire opérer pour te débarrasser de ta tache sur la joue. -Oui. C'est formidable, n'est-ce pas ? -Si tu le vois ainsi. Moi je pense plutôt qu'il avait honte de te présenter à ses connaissances avec cette "calamité" congénitale. Mordjana sentit la moutarde lui monter au nez. Malgré sa volonté de ne pas froisser sa mère, elle ne put retenir sa colère davantage. -Cette "calamité" congénitale comme tu l'appelles maman est venue de ton ventre. Grand-mère m'avait expliqué que tes envies qui ne trouvaient pas toujours satisfaction avaient provoqué cette tache sur ma joue. Tu es ma génitrice. Ne l'oublies pas. Abasourdie par la réaction inattendue de sa fille, Saléha fondit en larmes.
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