Trois hôtels de la capitale jordanienne ont été visés par les kamikazes d'Abou Moussab Al Zarqaoui, qui a revendiqué les attentats quelques heures plus tard sur un site Internet. Poursuivant sa logique de la terreur, la mouvance Al Qaïda d'Oussama Ben Laden a encore frappé dans la nuit de mercredi en Jordanie. Cette fois-ci, le chef de la branche de cette organisation en Irak, le Jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui, qui s'est chargé d'endeuiller son propre pays. “Un groupe de nos meilleurs lions a lancé une nouvelle attaque contre quelques repaires (...) Après avoir examiné les cibles, des hôtels ont été choisis pour avoir été transformés par le despote jordanien en arrière-cour des ennemis de la foi, les juifs et les croisés”, lit-on dans le communiqué signé du porte-parole d'Al Qaïda en Irak. Il justifie cette action terroriste par les liens entre le roi Abdallah II et Israël et promet le pire à la Jordanie. “Que le tyran d'Amman sache que la protection qu'il offre (...) aux juifs est devenue une cible des moudjahidine et de leurs attaques, et qu'il s'attende au pire”, ajoute l'auteur de la revendication. Ainsi, trois attentats ont été commis à l'entrée de trois grands hôtels de Amman. Le dernier bilan de cette attaque terroriste sans précédent dans ce pays fait état 57 morts et 102 blessés, après le décès, hier, du réalisateur américano-syrien Mustapha Al Akkad auteur du Message et Omar al Mokhtar. Les hôtels Radisson SAS, Grand Hyatt et Days Inn, particulièrement prisés des touristes occidentaux et israéliens ont constitué les cibles des auteurs des attentats aux environs de 21h. La première explosion a visé l'hôtel Radisson SAS. Elle s'est produite dans une salle de banquet de l'hôtel, où 250 personnes environ participaient à un mariage. Un kamikaze a déclenché les explosifs qu'il transportait dans la salle de bal, faisant le plus grand nombre de victimes. Alors qu'un kamikaze a fait exploser sa ceinture au lobby de l'hôtel Hyatt, situé à moins d'un kilomètre du Radisson SAS, un troisième kamikaze faisait exploser presque au même moment sa voiture piégée contre le Days Inn, situé dans un autre quartier non loin de l'ambassade d'Israël à Amman. Avant que Al Qaïda ne revendique ces trois attentats le chef du gouvernement jordanien déclarait sur la chaîne CNN : “Al Qaïda et Al Zarqaoui étaient certainement mêlés aux attaques d'Aqaba il y a quelques mois et je suis sûr qu'il est un des principaux suspects dans ce cas également, mais je ne peux pas l'affirmer avec certitude.” Le roi Abdallah II, qui se trouvait hors du pays, a immédiatement condamné les attentats terroristes, qu'il a qualifiés de “criminels”, avant de regagner rapidement la Jordanie. Il y a lieu de rappeler que la Jordanie, l'un des principaux alliés des Etats-Unis dans la région et qui a conclu la paix avec Israël en 1994, se targuait d'être l'un des pays les plus sûrs de la région. Des dizaines d'islamistes accusés d'avoir fomenté des attentats dans le royaume y sont jugés actuellement dans différents procès. Quant à Abou Moussab Al Zarqaoui, il est condamné à mort par contumace en Jordanie. Il a menacé à plusieurs reprises la Jordanie et a revendiqué en août une attaque aux roquettes contre le port jordanien d'Aqaba où un soldat jordanien avait été tué et contre la station balnéaire israélienne voisine d'Eilat. La communauté internationale a unanimement condamné ces attentats terroristes de manière très ferme, à commencer par le président américain George Bush. Le patron de la Maison-Blanche a condamné “dans les termes les plus vifs” les attentats “barbares” à Amman et offert l'assistance de son pays pour “mener les terroristes devant la justice”. De son côté, le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, qui était en visite en Arabie Saoudite, a lancé un appel urgent pour “une action collective contre le terrorisme”, selon son porte-parole. Réuni jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a réaffirmé sa détermination à combattre le terrorisme, qu'il considère comme “l'une des plus sérieuses menaces à la paix et à la sécurité internationales”. Il a réitéré que “tout acte de terrorisme est criminel et injustifiable, quelle que soit sa motivation”. K. ABDELKAMEL