Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a demandé au gouvernement, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue avant-hier, "d'arrêter définitivement l'exportation des déchets ferreux, à partir de la fin mars prochain, et d'orienter ces déchets vers le marché national pour appuyer l'industrie, en attendant la régulation du marché, conformément à une étude approfondie sur les exportations et les importations dans ce domaine". Ainsi, l'Exécutif fait machine arrière, après avoir ouvert la porte à l'exportation des déchets ferreux. C'était en juin 2007. Le gouvernement de l'époque avait, en effet, établi une circulaire (n°584) relative à l'exportation de déchets de métaux ferreux et non ferreux (...). En 2021, l'Exécutif, affichant l'ambition de développer davantage cette activité, avait autorisé les opérateurs économiques, activant dans le domaine du recyclage de déchets des métaux ferreux et non ferreux, à exporter, s'ils le souhaitaient, les produits finis et semi-finis issus du recyclage de déchets des métaux ferreux et non ferreux. Il avait même communiqué sur les bases et règles sur lesquelles reposait l'activité à l'export. Le ministère du Commerce avait, dans ce cadre, expliqué que "les produits semi-finis sont exportables conformément à un cadre réglementaire élaboré en coordination et en concertation avec les départements de l'Environnement, de l'Industrie et des Finances, et fondé sur trois paramètres essentiels". Il avait précisé que les producteurs de ces marchandises devaient "souscrire à un cahier des charges" et obtenir une "autorisation" d'exportation délivrée par les services du "ministère du Commerce". Les positions tarifaires douanières y afférentes devaient également être fixées. Cette procédure tendait, selon le ministère du Commerce, à "développer" cette filière de manière "continue" et "durable" sur les marchés "intérieur" et "extérieur", le but étant de "promouvoir les investissements" dans cette activité, créer une nouvelle "filière d'exportation" et, partant, de contribuer à "augmenter" le volume des exportations hors hydrocarbures. Ces ambitions ont été, cependant, mises en veilleuse avec l'arrêt des exportations de ces déchets. Ainsi, le gouvernement semble avoir modifié l'ordre des priorités : il veut développer en interne la transformation des déchets ferreux, en tirer de la matière première et la mettre à profit dans l'industrie. Le recyclage des déchets ferreux constitue la filière de valorisation la plus importante. La quantité du métal valorisé annuellement est de "628 915 tonnes (fonte, acier, fer)", selon un rapport sur l'état de la gestion des déchets en Algérie, élaboré en 2020 par l'Agence nationale des déchets. Il est relevé dans ce document que les plus importants transformateurs sont les usines de métallurgie : Tosyali à Oran et le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, à Annaba. "Ces deux usines ont le contrôle sur le plus grand flux du pays", y est-il mentionné. Les déchets ferreux ainsi que d'autres métaux secondaires sont très recherchés par les fabricants d'acier. Néanmoins, leur développement reste encore modeste, du fait que les unités de traitement ne disposent pas de puissant outil industriel et logistique intégrant toutes les étapes de la valorisation des déchets ferreux et non ferreux, depuis leur collecte jusqu'à la commercialisation des produits recyclés.