Résumé : Mordjana dévoile ses appréhensions à son aïeule. Elle aime Samir et voudrait le combler. Il a tant fait pour elle. Et elle ? Pourquoi n'arrive-t-elle donc pas à lui donner un enfant ? Sa grand-mère l'exhorte à être patiente. Dieu fait toujours les calculs à Sa manière. Mais elle devrait inciter son mari à voir un médecin. Samir tombe sur ces paroles. Elle hoche la tête d'un air entendu. - Sois le bienvenu parmi nous. Nos portes te seront toujours ouvertes. Je te remercie Samir pour tout ce que tu as fait à Mordjana. Grâce à toi, elle est aujourd'hui une femme comblée. - Si ma femme est heureuse, je le suis encore plus. Je n'ai fait que mon devoir de mari. Elle était angoissée à l'idée de me montrer son visage au début de notre mariage. Je devais donc faire quelque chose pour lui permettre de reprendre confiance en elle. - Et tu as fait plus qu'il n'en fallait, mon fils. Ma petite-fille est épanouie et vient de me faire tes éloges. Ce n'est pas tous les jours que les femmes tombent sur un mari comme toi. Mordjana te doit beaucoup. Que Dieu vous garde et bénisse votre union. Samir l'embrasse sur le front. - Que Dieu te garde aussi pour nous, grand-mère. Mordjana se lève. - J'aimerais te montrer quelque chose, Samir. - Où ça ? - En ville. Nous allons nous rendre dans un lieu que tu n'as jamais vu de ta vie. Samir se demande quel est le hasard qui a bien pu organiser son union avec Mordjana. Ils sortent d'un mausolée où on venait de leur narrer avec précision non seulement l'histoire de la région, mais aussi les nombreuses conquêtes qu'elle avait connues et qui avaient fait que plusieurs savants, de grande renommée, sont enterrés là. Le lieu qu'ils viennent de visiter raconte à lui seul mille et un récits sur les légendes, les croyances populaires et les rites des habitants de la ville. Mordjana lui révèle que les couples stériles viennent se recueillir sur le tombeau du saint qui se trouve à l'intérieur du mausolée et retournent chez eux pour voir, quelques jours plus tard, leurs vœux se réaliser. Samir, un peu dérouté par les dires de sa femme, se demande en quoi cela pouvait les intéresser. Lorsqu'il tente d'en connaître un peu plus sur ses intentions, elle lui rétorque d'un ton qui n'incite pas à l'insistance qu'elle va en rediscuter de toute cette affaire avec lui dès leur retour chez eux. Sur le chemin du retour, ils rencontrent un cortège de mariage. La mariée juchée sur un chameau et ses accompagnatrices autour d'elle font penser à une fête d'une autre époque. Les cavaliers sur leurs chevaux tirent des coups de feu en l'air, et les femmes poussent des cris de joie. - On dirait que vous avez gardé toutes vos traditions ancestrales, lance Samir à sa femme. Cette dernière hoche la tête. - Dans la mesure du possible, les familles tentent de renouer avec leurs traditions. Ce n'est pas toujours facile, car ces fêtes coûtent les yeux de la tête. Beaucoup de jeunes gens de nos jours se rabattent sur les mariages modernes. Quoi que l'on dise, les fêtes contemporaines ont pris le dessus. On loue une salle des fêtes et les services d'un DJ ou d'un orchestre. Ah ! Que les temps changent vite ! Samir lui prend le bras. - Toi, tu n'as eu droit à aucune fête. Je n'ai pas pu t'offrir autre chose qu'un simple regroupement familial. Elle hausse les épaules. - Ce n'est pas ça l'essentiel, Samir, tu le sais bien. J'ai été surprise de découvrir le jour de mes noces que l'image que je me faisais de mon futur époux était bien plus agréable. Tu aurais pu donner une grande fête, mais je ne t'aurais peut-être pas aimé dès la première minute de notre rencontre. Il sourit. - Je ne pouvais pas donner une fête. J'étais moi aussi déphasé. Un mariage aussi hâtif que le notre aurait pu engendrer une tempête. Grâce à Dieu, ce n'était pas le cas. Nous sommes heureux d'être ensemble, et je ne regrette rien. Mordjana se mord les lèvres. - Tu es sûr de ce que tu avances après deux années de vie commune ? Il hoche la tête. - Bien sûr. Et toi ? Tu n'es pas sûre de tes sentiments envers ton petit mari ? Elle se serre contre lui. - C'est la chose la plus concrète et la plus réelle dont je suis certaine. Mon cœur ne cesse de battre pour toi. Mais il nous manque encore quelque chose, Samir. Quelque chose qui complètera définitivement notre bonheur.
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