Au stress hydrique que connaît la wilaya, à cause de la sécheresse que vit le pays ces trois dernières années, s'est ajouté l'état d'un réseau de distribution vétuste, dépassé et délabré. La crise de l'eau potable s'installe dans la durée dans la commune de Tamokra, sur la rive droite de la Soummam, à Béjaïa. Pénurie d'eau oblige, les villages sont soumis à un régime de rationnement sévère. "Les foyers sont alimentés à raison de 4 heures par semaine en moyenne, dans les conditions normales. Au cas où une panne viendrait à nous surprendre, ce qui n'est pas rare au demeurant, la rupture d'approvisionnement est encore plus durement ressentie", fait savoir Hamid Azikiw, le premier magistrat de la commune. D'après le maire, cette diète hydrique résulte principalement de l'état d'un réseau de distribution vétuste, dépassé et délabré. "La réalisation de ce réseau a fait l'impasse sur les normes. Certains tronçons ont été installés anarchiquement par la population. La tuyauterie date de l'année 1986. Elle est complètement délabrée. Si bien que les fuites sont monnaie courante, tandis que les robinets sont à sec", relève l'édile de Tamokra, tout en déplorant au passage la non-mise en service d'un réseau de substitution mis en place en 2017, à hauteur du chef-lieu communal. Pour trancher le nœud gordien, le P/APC a annoncé la réalisation par les services communaux d'une étude portant sur la rénovation de fond en comble du réseau de distribution de toute la commune, à l'effet de le mettre en conformité avec les normes en vigueur. Un projet ambitieux mais qui échoppe sur le manque de crédits. "La fiche technique a fait ressortir un besoin de financement de près de 300 millions de dinars. Nous avons commencé par rénover le réseau du village Tassefirt, sur les maigres ressources allouées dans le cadre des PCD, mais il s'avère pratiquement impossible de mener ce projet à bon port, sans l'intervention de la wilaya, dont on sollicite instamment une subvention spéciale", confie le premier responsable de la commune. Le maire a, par ailleurs, avoué l'incapacité de la municipalité à assurer une gestion optimale de la station de traitement monobloc en raison, invoque-t-il, d'une carence en personnel qualifié et de l'insuffisance de moyens financiers. "C'est un privilège que de disposer d'un tel équipement, conçu pour alimenter exclusivement notre commune en eau potable. Cependant, l'idéal serait de confier sa gestion à un organisme professionnel, plus qualifié et mieux outillé", a-t-il plaidé. Des citoyens de Tamokra, avec lesquels nous avons pris attache, confient leur exaspération d'être astreints à longueur d'année au calvaire des Danaïdes. "Jadis, les gens souffraient du manque d'eau uniquement durant la saison estivale. Depuis que la sécheresse s'est durablement installée, la pénurie d'eau sévit même en plein hiver", râle un retraité de Bicher, l'un des villages les plus peuplés de la commune. "L'eau coule des robinets une fois tous les dix jours, dans le meilleur des cas. C'est en deçà de nos besoins. Pour combler ce déficit, on se rabat sur les sources d'approvisionnement alternatives, qui en achetant des citernes, qui en recourant à la corvée d'eau", témoigne un père de famille du village Boutouab. Mais là encore, ce n'est guère évident, dans la mesure où, relève-t-on, l'achat de l'eau n'est pas à la portée de toutes les bourses, alors que les sources naturelles et les fontaines, qui offraient généreusement leur précieux liquide, tarissent les unes après les autres. "Les points d'eau se font de plus en plus rares. Beaucoup sont pollués par les eaux usées. À moins de posséder un véhicule ou, à défaut, une monture à quatre pattes, c'est difficile de s'en sortir", souligne un villageois de Tizi Aïdel.