Résumé : Alors que Mordjana semble endormie, Samir continue sa route jusqu'à Constantine. Ils louent une chambre dans un hôtel. Encore boudeuse, Mordjana refuse de descendre au restaurant ; il commande donc le déjeuner. La jeune femme regarde son mari manger et se sent honteuse en se rappelant la scène du matin. Elle ferme les yeux : devient-elle folle ? Est-elle si obnubilée par ce désir d'avoir un enfant au point où son égoïsme lui joue de mauvais tours ? Elle relève la tête : Samir mange de bon appétit. Il a faim. Elle sourit avant de demander : - Tu veux que je t'aide à terminer ton assiette ? Il suspend sa cuillère et lui jette un coup d'œil surpris. - En voilà une question. Je t'avais bien proposé de déjeuner, si tu t'en rappelles. Elle accentue son sourire, avant de s'étirer et de se relever pour s'approcher d'un miroir. Elle rejette alors ses cheveux en arrière et les retient avec une pince, puis s'approche de son mari qu'elle enlace avant de l'embrasser sur la joue. - Désolée, mon chéri. Je ne voulais pas de cette tension entre nous. C'était plus fort que moi. Mon désir d'avoir un enfant me rend parfois impulsive. - Tu reconnais donc que tu avais dépassé les bornes dans ton comportement ce matin ! Elle tire un tabouret et s'assoit auprès de lui. - Je sais reconnaître mes erreurs, Samir. Je ne suis pas insensible au point de t'incriminer sans raison. Il pousse une assiette vers elle. - Alors, sers-toi et mange. Je ne veux pas que tes grands-parents s'en prennent à moi au cas où tu mourrais d'inanition. Elle pousse un soupir. - Ne t'inquiète pas. Grand-mère connaît très bien ma situation. Elle saura pourquoi je refuse de manger. Cependant on ne va pas en arriver là, car les relents de ces plats me donnent déjà l'eau à la bouche. - Alors, fais-leur honneur, et surtout ne reparlons plus de ce qui s'est passé ce matin. Après leur déjeuner, ils décident de faire une promenade en ville. Mordjana découvre pour la première fois de sa vie l'authentique Cirta. Samir l'emmène visiter les anciens quartiers, où elle sera fascinée non seulement par l'architecture ancestrale, mais aussi par les artisans et leurs œuvres, qui la subjuguent. La jeune femme tombe sous le charme de ce monde inconnu qui s'ouvre à elle. Elle palpe les tapis traditionnels, admire les objets en cuivre et en bronze, découvre des sculptures qui la laissent pantoise et se dit qu'elle devrait songer à changer le décor de sa chambre, et pour cela elle n'hésite pas à faire des achats. Samir la conseille dans ses choix et, à eux deux, ils parviennent à dénicher des objets qui feront à coup sûr pâlir leur entourage et leurs amis. Il regagnent leur hôtel à la nuit tombée. Après avoir déposé leurs achats dans leur chambre, ils redescendent au restaurant pour dîner. Mordjana pousse un soupir. Cette première journée de vacances s'est bien passée, malgré le petit incident du matin. Elle repense à la scène devant la station-service et se dit qu'elle devrait demander des excuses à son mari. Ce dernier lit le menu et, sans se départir de son sourire, commente les plats. Elle pose sa main sur la sienne et il relève les yeux. - Alors, que veux-tu manger ? J'ai l'impression que tes efforts pour garder la ligne vont fondre comme neige au soleil devant les plats qu'on nous propose. Tout me paraît succulent. Pas toi ? Jette un coup d'œil là-dedans. Il pousse le menu vers elle, mais elle continue à le regarder en silence. Il soutient son regard, puis demande : - Quelque chose ne va pas, Mordjana ? Elle hoche la tête. - Oui. Il y a effectivement quelque chose qui ne va pas. Je ne veux pas dîner sans t'avoir fait solennellement mes excuses. - Tes... excuses ? Elle acquiesce : - Oui. Je devrais m'excuser pour la scène de ce matin. J'ai été odieuse. Il prend une lente inspiration. - On peut le dire, mais je crois qu'on a déjà abordé ce sujet cet après-midi, pourquoi revenir là-dessus ? - Oui, mais je ne t'ai pas fait mes excuses. Il lui prend la main. - Allez, pour moi c'est oublié. N'y pense plus. Profitons plutôt de cette soirée et savourons ces moments de détente entre nous. Elle sourit. - Tu ne m'en veux vraiment pas, Samir ? - Non. Si tu continues à me harceler ainsi je vais finir par m'enfuir pour me cacher sous le lit et ne plus en ressortir.
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