C'est en queue de poisson que s'est achevé le second forum de l'avenir, à travers lequel les Etats-Unis comptaient donner un nouveau souffle à leur initiative de GrandMoyen-Orient. Emmenés par l'Egypte, des pays arabes ont fait capoter, samedi soir dans la capitale bahreïnie, la seconde étape du projet “Grand Moyen-Orient”. Contestant l'usage qui pourrait être fait des fonds financiers dégagés à cet effet, les Egyptiens ont réussi à empêcher l'adoption de la déclaration politique devant sanctionner les travaux de ce deuxième forum de l'avenir. “Nous insistons pour que toutes les organisations et associations civiles qui recevront cette aide financière soient enregistrées légalement (...) afin qu'elles ne soient la source d'aucune activité contraire aux intérêts du pays concerné”, a déclaré Ahmed Aboul Gheit, le chef de la diplomatie égyptienne, au sujet de l'utilisation de l'aide que pourrait offrir aux ONG arabes la Fondation pour l'avenir lancée quelques heures plus tôt à Bahreïn. Formulant des réserves sur le financement des organisations non gouvernementales par la Fondation pour l'avenir, lancée lors de ce forum, Le Caire a exigé que les ONG susceptibles de recevoir cette assistance financière figurent parmi celles agréées par les autorités des pays concernés. Ainsi, le rendez-vous de Manama, un cadre de discussion sur le projet américain controversé de démocratisation des pays arabo-musulmans d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, s'est achevé samedi en queue de poisson. Usant de parades diplomatiques pour justifier la position de son pays, le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré : “La réalité est que la réunion a duré plus longtemps que prévu, et la présidence bahreïnie a dû y mettre un terme.” Assurant que l'Egypte avait participé activement à la préparation de l'annonce de cette fondation, Abou Gheit dira à ce sujet : “Nous avons remarqué qu'elle prévoyait d'aider même les organisations non enregistrées.” “Il y a des idées divergentes (...) et nous avons décidé (...) d'étudier la question dans les détails prochainement ", a affirmé le ministre bahreïni des Affaires étrangères, cheikh Khaled Ben Ahmed Al-Khalifa, lors de la conférence de presse de clôture. Atténuant l'échec, Jack Straw, le chef de la diplomatie britannique, a estimé que le mérite de la conférence de Manama était d'avoir prouvé que “les réformes émanent de l'intérieur et ne peuvent être imposées”. Il se basait sur l'augmentation sensible du nombre d'ONG ayant pris part à cette réunion. En effet, de cinq seulement lors du forum de Rabat, il est passé à quarante organisations. Refusant de faire machine arrière, la secrétaire d'Etat américaine aux Affaires étrangères affirmera que “la démocratie ne sera pas réalisée sans la primauté de la loi, sans une presse libre et sans gouvernements transparents qui doivent rendre des comptes à leurs citoyens”, en signe d'avertissement aux régimes autocratiques arabes. Ce n'est que partie remise, car les Américains sont déterminés à aller au bout de leur entreprise. K. ABDELKAMEL