Le communiqué final sanctionnant les deux jours de travaux de la troisième rencontre sur le projet américain du Grand Moyen-Orient met l'accent sur la nécessité de mener en parallèle les réformes préconisées avec le règlement du conflit israélo-palestinien. Revenant à la charge sur la question des réformes dans les pays arabes et musulmans de manière générale, les Etats-Unis se sont heurtés cette fois-ci à une nouvelle exigence des pays concernés, qui suggèrent de trouver d'abord une solution définitive à la crise du Proche-Orient, laquelle constituera le meilleur moyen d'encourager le processus de réformes dans la région. “Les réformes dans la région qui doivent aller de pair avec le règlement du conflit arabo-israélien, sur la base des termes de référence internationaux du processus de paix”, lit-on dans le document adopté par les participants représentant cinquante-six pays et organisations, dont l'Algérie. En effet, une délégation présidée par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, a participé à ce forum de deux jours qui a traité des “voies et moyens à même de promouvoir la démocratie” dans la région du Proche-Orient et d'Afrique du Nord, a indiqué un communiqué rendu public par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Toujours sur la question du conflit israélo-palestinien, les présents ont “accueilli favorablement le récent accord de cessez-le-feu entre l'Autorité palestinienne et Israël, et appelé les deux parties à démontrer davantage leur engagement dans la paix”. Quant à la situation prévalant en Irak, le forum sur l'avenir a exprimé dans le communiqué final “sa vive inquiétude” et “son ferme soutien au gouvernement irakien dans ses efforts pour restaurer la sécurité” et la réconciliation nationale entre les différentes parties irakiennes. Le Liban a également été au centre des discussions, avec la “condamnation de la série d'assassinats politiques” dans ce pays. Les participants ont notamment exprimé leur “soutien total au gouvernement libanais dans ses efforts pour juger les responsables de ces crimes haineux”. Cette troisième réunion du genre, après la seconde édition qui s'est tenue en novembre 2005 à Bahreïn et qui n'avait pas donné de résultats, ne fait que confirmer que les positions sont trop divergentes dans ce cadre de discussions sur le projet américain controversé de réformes dans le monde arabe. Il suffit de prendre connaissance des déclarations de certains membres des cinquante associations de la société civile arabe, représentées à ce rendez-vous, pour se rendre compte de l'immense fossé séparant les positions américaines des parties concernées. “Nous sommes ici pour nous opposer au Forum de l'avenir, organisé par les nations industrialisées qui, nous le croyons, ont de mauvaises intentions vis-à-vis de la région”, a affirmé un des organisateurs, Badi al Rafa'ia. Il ajoutera que “le Forum de l'avenir met en avant de faux slogans et la preuve en est ce qu'il se passe en Irak, au Liban et en Palestine”. Ainsi, il ne fait aucun doute que le projet américain est loin de faire l'unanimité et qu'il sera très difficile pour l'Administration Bush de le concrétiser, au vu des développements que connaît la région ces derniers temps. K. ABDELKAMEL