La manifestation amiénoise, lancée dans un climat de tension généré par les émeutes de jeunes des banlieues, fait la part belle aux laissés-pour-compte, comme les Indiens et les habitants des favelas du Brésil, et aux rebelles, comme Jeanne d'Arc et Ida Lupino. Le festival, qui gagne de plus en plus de place et de popularité en Picardie, a voulu marquer son 25e anniversaire avec, surtout, un programme éclectique, diversifié et panoramique avec une mise en évidence des cinémas du Sud. À cette occasion, les organisateurs projetteront symboliquement le chef-d'œuvre de Carl Théodor Dreyer, La Passion de Jeanne d'Arc, dans la cathédrale gothique d'Amiens. Outre cela, la cuvée de cette année propose des films en provenance du monde entier avec, bien évidemment, une attention particulière aux créations africaines, asiatiques et latino-américaines. La compétition internationale accueille 24 longs métrages pendant que la sélection officielle “Cinéma d'Afrique/Regards sur l'Afrique” exhibe 25 courts et longs métrages dessinant les grandes tendances du cinéma africain au cours des 12 derniers mois. Plusieurs œuvres signées par des réalisateurs d'Afrique, d'Asie et de l'Amérique latine, sont programmées pour donner du plaisir aux festivaliers. Dans le foisonnement des sections, on retient La Cité de Dieu du Brésilien Fernando Meirelles, Le Grand jeu, Algérie présidentielle de l'Algérien Malek Bensmail, L'Attente du Palestinien Rashid Mashrawi, Delwende du Burkinabais Pierre Yaméogo et Gris Blanc de l'Algérien Karim Dridi Côté hommages, on retient, entre autres, ceux qui sont rendus à la comédienne américaine Ida Lupino et au réalisateur malien Soleïmane Cisse. La première est une figure mythique du cinéma américain et pionnière du cinéma indépendant. Après avoir refusé un rôle que la Warner lui a proposé, alors qu'elle était au sommet de sa carrière, elle se voit licencier. Elle devient productrice. Le festival d'Amiens propose une rétrospective de ses plus grands rôles sous la direction notamment de Raoul Walsh et de Fritz Lang, et de ses réalisations pour le cinéma et la télévision. Le deuxième est considéré comme l'un des maîtres du cinéma africain qui pensait l'esthétique comme un moyen de “vaincre le temps”. En guise d'hommage, le festival d'Amiens présente, en sa présence, l'ensemble de sa production filmique dont Baara, Finye (le vent), Waati et Yeelen. À cela, il faut ajouter des colloques et rencontres, surtout autour du grand romancier amiénois Jules Verne. Ainsi, toute la Picardie se retrouve gagnée par la fièvre cinématographique qui vient s'ajouter à celle répandue, entre autres, par les furieux jeunes de la cité des Pigeonniers mise sous un couvre-feu pour les mineurs. La première se dissipera autour du 20 novembre, la deuxième, quant à elle, est à surveiller… Tahar HOUCHI