L'analyse comparative des chiffres des récoltes révèle une relative stabilité des rendements par rapport à l'olivaison écoulée, malgré un climat de sécheresse inquiétant et les incendies ravageurs de l'été qui ont touché de nombreux champs d'oliviers à Béjaïa. La subdivision de l'agriculture d'Akbou, qui chapeaute quatre communes, à savoir Akbou, Ouzellaguen, Ighram et Chellata, a fait état d'un volume de 1,33 million de litres d'huile engrangés à l'issue de la présente campagne oléicole, laquelle a été plus courte que d'ordinaire. Les rares huileries encore en activité tournent au ralenti pour achever de triturer les derniers sacs d'olives débarqués des champs. Selon Smaïl Acheuk, le subdivisionnaire, le parcours oléicole en rapport occupe une superficie de près de 6 000 ha. En termes de volume de production, c'est la commune d'Akbou qui arrive en tête, avec 466 000 l d'huile engrangés, suivie de la commune d'Ouzellaguen, avec une production de 383 000 l. Les quantités récoltées à Ighram et à Chellata sont respectivement de 255 000 et de 227 000 l d'oléagineux. La productivité, qui se caractérise par une variabilité intersaisonnière, se jauge à 18 l/q dans les communes d'Akbou et d'Ouzellaguen et une moyenne de 15 l/q dans les parcours situés dans les communes d'Ighram et de Chellata. L'analyse comparative de ces chiffres révèle une relative stabilité des rendements par rapport à l'olivaison écoulée. Deux millésimes qui sont, faut-il le rappeler, parmi les plus chiches de cette dernière décennie. S'agissant de la quantité d'olives triturée, elle a progressé de 10% par rapport à la campagne précédente. "Tout compte fait, le bilan n'est pas si mauvais que cela. Le fait d'avoir fait mieux que l'année dernière est un indice encourageant", souligne, avec une pointe de satisfaction, un exploitant du village Taslent, dans la commune d'Ighram. "Les incendies de l'été 2021 et la persistance de la sécheresse nous ont fait craindre le pire. Les rendements ont sensiblement baissé, mais on a pu éviter les vaches maigres de l'olivaison précédente, à l'issue de laquelle bien des fellahs n'avaient pas engrangé la moindre goutte d'huile", dira un paysan de la commune d'Ouzellaguen. D'aucuns parmi les oléiculteurs ont fait montre de leur inquiétude, face à l'accumulation des facteurs négatifs qui assombrissent l'avenir de cette filière. "Il y a réellement péril en la demeure. Il devient de plus en plus malaisé de travailler la terre et d'élaguer les oliviers dans des conditions si hostiles. Les incendies récurrents annihilent tous nos efforts. L'aridité du climat ruine nos espoirs", lâche, un tantinet sceptique, un agriculteur d'Akbou. Et de conclure : "L'espoir des damnés de la terre que nous sommes repose sur la clémence de Dame Nature. Néanmoins, l'état devrait nous assister par la mise en place de dispositifs pour l'irrigation d'appoint, afin de compenser le déficit de pluviométrie, lequel aura sans doute tendance à s'aggraver à l'avenir." Un scénario calamiteux, que bien des experts estiment très probable. Le glissement des étages bioclimatiques vers l'aridité et la continentalisation du climat, amorcés depuis plusieurs décennies, en sont des signes avant-coureurs.