Le gouvernement français s'est dit "prêt à aller jusqu'à l'autonomie" de la Corse, pour tenter de calmer les tensions sur l'île méditerranéenne, provoquant une polémique en pleine campagne pour l'élection présidentielle. Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, devait se rendre sur place hier et aujourd'hui avec l'objectif de ramener le calme après les violences ayant suivi l'agression en prison du militant indépendantiste Yvan Colonna, qui se trouve toujours dans un état "gravissime", selon son avocat. "Nous sommes prêts à aller jusqu'à l'autonomie. Voilà, le mot est dit", a annoncé M. Darmanin dans un entretien au quotidien Corse-Matin. Sous quelle forme ? "Il faut que nous en discutions (...) Voir quel calendrier on peut mettre en place", a-t-il ensuite dit sur BFMTV/RMC. "Les discussions seront forcément longues, forcément difficiles", a-t-il ajouté, en soulignant que "l'avenir (des Corses) est pleinement dans la République française". À moins d'un mois du premier tour de la présidentielle, cette annonce a suscité de vives réactions. La candidate de droite à l'élection Valérie Pécresse a accusé le président Emmanuel Macron de "céder à la violence", alors que du côté de l'extrême droite Marine Le Pen a dénoncé un message "catastrophique" et martelé que "la Corse doit rester française". Le candidat écologiste Yannick Jadot s'est en revanche prononcé pour "une autonomie de plein droit" de l'île. L'agression d'Yvan Colonna le 2 mars à la prison d'Arles (sud-est de la France), où il purgeait une peine de prison à perpétuité pour sa participation à l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998 à Ajaccio, a fait ressurgir les tensions entre l'Etat et les nationalistes, frustrés que leurs victoires dans les urnes n'aient pas fait aboutir leurs revendications. Des manifestations violentes ont eu lieu, notamment un dimanche à Bastia, qui ont fait 102 blessés dont 77 parmi les forces de l'ordre, selon le parquet. M. Darmanin a dit qu'il ne pouvait "y avoir de dialogue dans la violence. Le retour au calme est une condition sine qua non". Il a qualifié l'agression d'Yvan Colonna d'"acte manifestement terroriste" – l'agresseur, un terroriste condamné, ayant justifié son geste par un "blasphème" de la victime. S'il a trouvé "excessifs, pour ne pas dire insupportables, les mots de crime d'Etat" dénoncés par certains en Corse, il a concédé que "bien évidemment il y (avait) une part de responsabilité de l'Etat quand il y (avait) une tentative d'homicide sur un prisonnier".