La tension persiste en Corse, île française où des slogans «Etat français assassin» ont émaillé une manifestation dimanche à Bastia en soutien à Yvan Colonna, onze jours après l'agression en prison de ce militant indépendantiste condamné pour l'assassinat du préfet Erignac. «Liberta, Liberta!»: capuches sur la tête pour les plus jeunes ou parapluie pour les plus âgés, toutes les générations étaient représentées dans la foule où le noir prédominait et sur laquelle flottaient de nombreux drapeaux corses. Ils étaient 7 000 manifestants selon la préfecture, 10 000 selon les organisateurs du rassemblement. La colère a débordé dès l'arrivée du cortège à la préfecture, avec des échauffourées entre les forces de l'ordre et 200 à 300 manifestants encagoulés, pour certains équipés de masques à gaz: gaz lacrymogènes et canons à eau d'un côté, cocktails Molotov et cailloux récupérés sur des voies ferrées de l'autre. Selon le dernier point de la préfecture, 67 personnes ont été blessées, dont 44 membres des forces de l'ordre. À la dispersion de la marche, en fin d'après-midi, de nombreux heurts ont en effet éclaté entre les forces de l'ordre et des groupes de jeunes particulièrement virulents, dégénérant en quasi guérilla urbaine avec la tombée de la nuit. «Des émeutes ont lieu à Bastia depuis 16h30», a insisté le procureur de la République, Arnaud Viornery, «et les violences se poursuivent». Vers 17h30, un incendie s'était déclaré à l'entrée de l'hôtel des impôts, dont les vitres avaient été brisées par les cocktails molotov. Et plusieurs feux de palettes étaient allumés sur la chaussée ici et là. Ces heurts ont duré jusqu'à 22h30, selon le dernier communiqué de la Préfecture, qui avait appelé «la population du centre-ville de Bastia à éviter de sortir de chez elle». Condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet de Corse, Claude Erignac en 1998, Yvan Colonna est dans le coma depuis son agression le 2 mars par un codétenu.