Devant la volonté de la haute autorité de l'Etat de relancer le projet d'exploitation de la mine de zinc et de plomb d'Amizour et de Tala Hamza (Béjaïa), un comité de pilotage de la convention-cadre ente l'université Abderrahmane-Mira et le ministère de l'Energie et des Mines intensifie ses sorties sur le terrain pour étudier l'exploitabilité du gisement et ses impacts tant sur l'environnement et la société que sur l'économie. Ainsi, lors d'une sortie à Amizour, une rencontre a eu lieu avec les élus de la localité et également avec des riverains de la mine. Ces derniers ont exprimé leur souci quant à la pollution et ce que pourrait engendrer l'exploitation de ce grand gisement sur leur vie et leurs biens agricoles. "Après étude du dossier technique de cette mine par notre comité, nous avons jugé utile d'organiser des rencontres tant avec les élus locaux qu'avec la société civile des deux communes concernées pour un débat sur l'opportunité d'exploitation de la mine de zinc. Nous avons écouté et recensé les soucis des riverains de la mine", a déclaré le professeur Aïssa Mouhoubi, économiste et président dudit comité. Les inquiétudes concernent surtout l'aspect environnemental "et c'est d'ailleurs légitime", selon notre interlocuteur. Il a été aussi question du volet relatif à l'indemnisation des terrains, "ce qui nous a amenés à recueillir le maximum d'informations que nous allons analyser dans le dossier technique de la mine. Au final, un rapport détaillé sera mis à la disposition des autorités et de la société civile pour voir l'avis des experts universitaires sur toutes les facettes de cette mine", a expliqué le Pr Mouhoubi. Ce comité pluridisciplinaire octogonal – composé de huit experts dont un minier, un géologue, un physicien, un agronome, un économiste, un juriste, un psychologue – a pour mission de faire connaître toutes les réalités, qu'elles soient nocives ou d'intérêt, des friches industrielles de ce gisement de zinc et de plomb. L'on en est donc à une phase cruciale précédant l'étape d'exploitation, histoire d'anticiper sur cette opportunité de taille dans l'économie de la région et de tout le pays, mais sans occulter le côté négatif pour y remédier. "Outre les travaux de ce comité de pilotage, d'autres équipes de recherche sont mobilisées dans des projets et des thèses pour arriver à un avis scientifique qui va aider à la relance de cette mine sans incidence et de grande importance économique", estime l'économiste de ce comité. Les élus locaux, de leur côté, soufflent le chaud et le froid car, outre l'impact économique qui peut booster le développement local de cette mine, il y a aussi l'impact environnemental qui fait peur aux habitants des villages avoisinant le site minier. "On a fait de notre mieux pour offrir ce cadre de rencontre entre ce comité universitaire et nos citoyens riverains de la mine, ce qui va lever toute équivoque et spéculation sur l'éventuelle exploitation. Nous avons jugé que le seul travail et l'opinion fiable émane des scientifiques. Nous avons besoin de cette mine, mais nous avons aussi le souci de la sécurité de nos citoyens", a indiqué Samir Mammeri, élu à l'APC d'Amizour. Pour rappel, cette mine, située sur les hauteurs des deux communes limitrophes d'Amizour et de Tala Hamza, au sud de la vallée de la Soummam, s'étend sur une superficie de 122 km2. L'estimation exploitable est de 68 millions de tonnes de zinc sur une durée de 21 ans. Sa capacité d'extraction de minerai est de 2 millions de tonnes par an, avec un effectif de 786 employés, dont 670 Algériens ; le reste relève de la société australienne WMZ, partenaire de l'Algérie dans l'exploitation de cette mine, prévue pour 2023.