Résumé : Samir entame son récit devant l'air ébahi de son amie. Les rebondissements dans cette affaire de poker ne manquent pas et Ilhem va de surprise en surprise. Bien loin de là, Mordjana, qui n'arrive pas à trouver le sommeil, se lève à l'aube pour préparer le petit-déjeuner. Elle repense aux dires de sa grand-mère, lorsqu'Ameur, son grand-père, rentre de la mosquée. Elle s'approche de lui et l'embrasse sur le front, avant de répondre : - Le sommeil me fuyait, alors je me suis levée pour préparer le petit-déjeuner. Je sais que tu aimes entamer ta journée par un bon café bien dosé. Je me trompe ? Il hoche la tête et tire une chaise avant de s'attabler. - Tu ne te trompes pas, ma fille. Mes habitudes ont la peau dure. Je ne pense pas pouvoir les changer un jour. Mordjana lui sert un café et pousse vers lui des morceaux de galette chaude. - Je l'ai préparée telle que tu l'apprécies. Fine et croustillante à souhait. - Que Dieu te bénisse, Mordjana. Je suis heureux de constater que tu te rappelles encore de mes goûts. - Je ne risque pas de les oublier, grand-père. N'est-ce pas toi qui m'avais dis un jour que l'habitude reprend toujours le dessus ? Ni l'éloignement ni le changement dans notre manière de vivre ne peuvent venir à bout des mœurs acquises dans le jeune âge. Il mord dans un bout de galette avant de hocher la tête et de répondre : - Tu te rappelles de tout ça, Mordjana ? La ville ne t'a pas changée autant que je le craignais. - Je n'ai pas changé du tout, grand-père. - Peut-être que tu ne le ressens pas encore, mais la ville t'a métamorphosée, ma fille. Euh... je ne vois aucun inconvénient à cela. Bien au contraire, je suis heureux de te savoir bien mariée et heureuse dans ta nouvelle famille. - Heu... oui. Je ne me plains pas trop de ma vie, grand-père. Le vieil homme fronce les sourcils. Mordjana ne lui semble pas sincère dans ses propos. Mais il prend cela tout d'abord pour un petit caprice de jeune femme désireuse d'aller plus loin dans la vie. Il connaît la grande ville et ses affres et comprend que sa petite-fille veuille changer d'existence pour oublier un passé pas trop gai. - Heu... Mordjana, comment cela va-t-il avec Samir ? Elle sourit. - Il est merveilleux. Il va jusqu'à supporter mes sautes d'humeur et fait tout ce qui est en son pouvoir pour me voir heureuse. - Qu'il soit béni. Je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, mais je l'ai tout de suite apprécié. - C'est le cas pour lui aussi. Il ne cesse de parler de toi et de grand-mère. Heu... mais ma mère... Elle ne peut continuer sa phrase car des sanglots l'étouffent. Son grand-père laisse passer l'orage. Sa petite-fille souffre dans son âme. Il a comprend cela et sait aussi que derrière son chagrin se cachent des choses qu'elle ne veut pas lui avouer. Il en parlera dès que possible avec Mimouna. Il se rappelle soudain avoir déjà surpris des bribes de conversation entre elles. De quoi s'agit-il donc ? Il toussote. - Cesse de pleurer, Mordjana. Ta mère ne changera pas. Je l'ai toujours connue ainsi. Un peu égoïste, un peu jalouse. Mais elle n'est pas aussi mauvaise que tu le penses. Tu es un peu déçue par son comportement, je le conçois. Cependant, je sais qu'elle reviendra à de meilleurs sentiments. Elle aussi n'a pas eu une vie facile, tu le sais bien. Mordjana renifle. - Je le sais certes, mais elle n'a pas le droit de se comporter de la sorte avec sa propre fille. J'avais honte devant Samir la dernière fois quand nous sommes venus ensemble. Hier, elle n'a pas non plus été tendre avec moi et m'a reproché de ne pas m'être rendue tout d'abord chez elle. - Ce n'est rien, ma fille, lance le vieil homme en lui tapotant la main. Tout rentrera dans l'ordre bientôt. On entend des pas dans le couloir. Mimouna s'est réveillée. Elle sourit en les trouvant attablés tous les deux devant le petit-déjeuner. - Bonjour, Ma Mimouna, lance Mordjana à sa vue. - Bonjour, ma fille. Je vois que tu as pris les devants pour gâter ton grand-père. - Je n'ai fait que préparer le petit-déjeuner. Elle se lève pour prendre une tasse dans le placard de la cuisine et sert sa grand-mère. - Tu n'aurais pas dû te lever aussi tôt. Je t'ai entendu faire les grands pas dans le couloir toute la nuit. Tu étais sûrement incommodée par quelque chose.
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