Alors qu'il vient d'échapper à une mise en examen au sujet d'une fuite concernant la CIA après avoir sacrifié son directeur de cabinet, le vice-président américain doit faire face à un autre feu roulant : la torture des suspects de terrorisme par les soldats américains et les prisons secrètes de la CIA dans le monde. Malgré toutes ces attaques et polémiques, Dick Cheney reste imperturbable ! Fer de lance d'une Administration Bush enlisée en Irak, il mène la contre-offensive contre les détracteurs de Bush dont les rangs n'arrêtent pas de grossir, débordant largement sur le camp républicain. Aussi longtemps que Bush l'écoute et a confiance en lui, son pouvoir n'est pas menacé, souligne-t-on dans les couloirs de la Maison-Blanche. De fait, il sert de “paratonnerre” pour Washington sous un gigantesque déluge d'accusations de la part de l'opposition démocrate, qui dénonce les mensonges et les manipulations du renseignement par Bush, notamment par son vice-président. Les critiques se sont multipliées depuis fin octobre après l'inculpation pour mensonges et la démission du second de Cheney dans le scandale Plame-Wilson sur la révélation du nom d'un agent de la CIA qui avait fomenté la cabale de l'achat par Saddam d'uranium au Niger. Le nom de Cheney, dont la cote de popularité est encore plus basse que celle de Bush, est aussi associé depuis plusieurs semaines à la défense de la torture sur les prisonniers, comme outil de lutte antiterroriste. Le sénateur républicain John McCain s'est plaint de pressions exercées par le vice-président et de manœuvres machiavéliques pour faire échouer le vote d'une disposition interdisant la torture. Dernier détracteur en date, l'amiral Turner, un ancien directeur de la CIA dans les années 1970, l'a accusé d'avoir supervisé les politiques de torture de suspects terroristes. Cheney, qui accuse ses détracteurs de lâches et d'antiaméricains, doit s'expliquer devant le Congrès jeudi. Les parlementaires américains n'ont certes pas exigé de Bush un calendrier pour le retrait des forces américaines de l'Irak mais ils lui ont tout de même asséné une gifle en l'obligeant à faire devant le peuple américain un rapport trimestriel sur son action dans ce pays occupé par 140 000 GI's et marines. John Murtha, un ancien combattant du Vietnam multimédaillé, a fait la une des gros titres de la presse américaine après son rappel sur le bénéfice par Cheney de cinq reports d'incorporation dans les années 1960. Bush, en visite en Asie, n'a pas encore rebondi sur les menaces qui pèsent sur son adjoint, se contentant de déclarer qu'il combattra le terrorisme en Irak jusqu'à ce qu'il obtienne la victoire pour laquelle ses valeureux soldats se sont battus et ont versé leur sang. D. Bouatta