Les pouvoirs publics projettent de créer, sur fonds publics, cinq sociétés de capital investissement avec une dotation en capital pour l'ensemble de 3 milliards de dinars. C'est du moins ce qu'a annoncé, hier, Mohamed Larbi de la Sofinance, une société financière d'investissement, de participation et de placement, agréée par la banque d'Algérie en 2001, lors d'un séminaire organisé par le cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise en collaboration avec la SFI (Société financière internationale). Mohamed Larbi, en évoquant l'opportunité d'investissement dans ce type d'instrument financier, explique que dans une hypothèse où les 100 000 PME, devant être créées dans le cadre du plan de relance, feraient appel à la participation du capital investissement, 2 880 sociétés seraient nécessaires pour permettre la mobilisation de ressources en fonds propres de l'ordre de 1 440 milliards de dinars. Dans une hypothèse, dit-il, où seulement 10 000 PME feraient appel au fonds d'investissement pour une participation à hauteur de 10% du capital social, 72 sociétés seraient nécessaires pour permettre la mobilisation de ressources en fonds propres de l'ordre de 36 milliards de dinars. Cependant, ce type d'intervention financière n'est qu'à ses débuts en Algérie. Pourtant, devant les réticences des banques, en raison des règles prudentielles très strictes, à accompagner le développement des petites et moyennes entreprises, le capital investissement, ou capital risque, émerge comme un instrument approprié. Puisqu'il est défini comme étant la prise de risque, réalisée dans le domaine de la production de biens et services, par des investisseurs en capital qui acceptent de devenir actionnaires de sociétés disposant d'un fort potentiel de croissance et de rentabilité, sans avoir de garanties pour la couverture de risque ainsi pris. Les investisseurs en capital n'assurent pas la direction, mais ils contrôlent la gestion en vue de réaliser, à terme, des plus-values sur cession des participations ; un avant-projet de loi est actuellement entre les mains des députés. Le texte, non seulement définit les conditions d'exercice de l'activité de capital risque, mais aussi des mesures incitatives. Dans son article 27, l'avant-projet de loi stipule que la société capital investissement n'est pas soumise à l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) pour les revenus provenant des dividendes, des produits de placement, des produits et plus-values de cession des actions et parts sociales. La société de capital investissement est soumise au taux réduit de 5% au titre de l'impôt sur les bénéfices de sociétés (IBS). Seulement, le statut familial des petites et moyennes entreprises privées algériennes risque de contrarier le développement de ce type d'instrument financier. Le directeur général de l'ANDI soutient que 50% des déclarations des projets d'investissement le sont sous forme de personne physique et parfois pour de gros investissements. “Ce type d'entreprises, me semble-t-il, ferme la porte à l'intervention de fonds d'investissement”, estime M. Baghdadli. Le directeur général de l'ANDI estime que le manque de ressources expertes et la faiblesse du système d'information sont des obstacles à l'élargissement de ce type d'intervention financière. En tout état de cause, les restrictions de l'accès au crédit, à travers l'obligation faite aux banques algériennes d'appliquer les règles prudentielles, rend plus que nécessaire le recours des entreprises aux fonds d'investissement, pour assurer leur croissance. Encore, à l'état embryonnaire, le capital investissement, rappelle-t-on, a démarré en Algérie début 1990 avec la création de la Finalep, qui investit dans les entreprises associant des partenaires européens et algériens. Trois autres Fonds internationaux ont été installés depuis : Afric invest, qui participe dans une société agroalimentaire, Maghreb fund présent dans une société de montage de matériels électroménagers et Proparco actionnaire dans un établissement de leasing. Trois autres sociétés de capital investissement sont au stade de projet. La première doit réunir Sonatrach et la Banque européenne d'investissement (BEI) pour la filialisation et l'externalisation des activités de soutien et la création de sociétés de services parapétroliers. La deuxième sera créée entre la Sofinance (Société financière de participation et de placement) et la BEI pour le développement et la privatisation d'entreprises publiques, tandis que la troisième société d'investissement pourrait être lancée par le Forum des chefs d'entreprise (FCE). Meziane Rabhi