Même si l'essentiel du film se passe sur les rings, “Chok Dee” n'est pas un film de combat mais un genre cinématographique consacré depuis longtemps. Xavier Durringer, en tentant d'éviter les clichés des gros bras toujours triomphants, a voulu raconter la rage de vaincre, non pas uniquement en donnant et en recevant des coups. En effet, le réalisateur a mis en film cette possibilité de sortir victorieux des coups que la vie assène. Jeune délinquant algérien issu de l'immigration, vivant dans une des cités françaises, Rayane (Dida Diafat) se retrouve en prison après un casse raté. C'est pourtant dans ce milieu carcéral qu'il donnera un sens à sa vie, pour apaiser la peine de sa mère. Car il y fera une rencontre capitale, celle de Jean (Bernard Giraudeau), lui-même ancien boxeur. De compagnon de cellule, Jean deviendra son entraîneur improvisé… avant d'aller en Thaïlande, pour apprendre à la source pourtant fermée aux étrangers. La suite, on la devine facilement : Dida sera champion du monde à plusieurs reprises. Car Chok Dee, sorti en France en 2004, est, comme le veut la formule consacrée, tiré de faits réels, celle de la vie de Dida, qui campe dans le film son propre rôle. Il en écrira un roman autobiographique, matière première qui servira à la trame du film. Chok Dee signifie en thaïlandais bonne chance et Dida, ou Rayane puisqu'il s'agit du même personnage, en aura à force de se battre, au sens premier du terme, comme au second. Conséquent avec son objectif, Xavier Durringer articulera donc son film autour du geste souverain, la parole étant secondaire. En quelques séquences rapides, le film commence par raconter le séjour en prison de Dida, pour en suite enchaîner avec des scènes de combat qui constituent le fil conducteur de cette rage de réussir dans la vie. L'exercice peut paraître difficile tant le risque est grand, celui de ne montrer que des images dont la violence est le seul aboutissement. Dans Chok Dee, l'on oublie vite la violence des coups échangés sur un ring pour ne retenir que l'essentiel, que c'est surtout une belle leçon de courage. Présent lors la projection de mercredi à la salle Algeria d'Alger, Dida est vite entouré d'une grappe d'adolescents auxquels il s'est adressé comme il a voulu le dire dans le film, dont il est le coscénariste : “Dans la vie, rien ne se donne. Dans ma carrière de boxeur, d'acteur, j'ai dû travailler dur.” Et parce qu'il est Algérien, sorti des banlieues françaises difficiles, il ne pouvait échapper à l'actualité marquée, en France, par la colère des jeunes banlieusards. “Je comprends que ces jeunes soient en colère. La vie en France est vraiment difficile. Mais, je ne comprends pas qu'ils en arrivent à brûler des voitures ; d'ailleurs ce sont celles de leurs frères, de leurs cousins.” Au-delà de la sueur et du sang, Chok Dee est l'histoire d'une réussite arrachée à la force des bras et du… caractère. SAMIR BENMALEK Chok Dee, un film de Xavier Durringer, avec Dida Diafat, Bernard Giraudeau, Florence Vanida Faivre, Sombati Medhanee et Rit Luecha. Scénario : Xavier Durringer, Véra Belmont et Dida Diafat. À l'affiche tous les jours, à la salle Algeria, rue Didouche-Mourad et à la salle Ibn Zaïdoun de l'office Riadh El Feth.