Le prix du m3 d'eau pourrait bien connaître une hausse. S'il ne l'a pas clairement affirmé, M. Sellal l'a, en revanche, bien suggéré. “On est loin du compte en matière de prix du m3 d'eau. Il y a lieu de le rapprocher le plus possible de sa valeur réelle sans pour autant toucher au fondement social de cette ressource. On ne pourra pas l'augmenter comme on veut mais par la volonté de l'Etat”, a-t-il soutenu, hier, lors d'une conférence de presse sur les “défis et enjeux de l'eau”, animée à l'Institut national du commerce (INC) de Ben Aknoun (Alger). C'est que le prix du m3 d'eau — il varie entre 16 et 19 DA — est bien en deçà de son coût qui est lui de 29 DA. Ne prenant en compte que la logique économique, la Banque mondiale estime que cette denrée doit être cédée à son prix réel. Une solution que ne semblent pas agréer les autorités algériennes qui refusent de sacrifier la “dimension sociale” de l'eau. Ce qui n'a pas empêché le ministère des Ressources en eau à imaginer une solution médiane. Ainsi, six catégories de clients sont conçues allant du simple consommateur, qui payera moins, au grand consommateur qui, lui, est tenu de payer un peu plus. En termes de mobilisation des eaux superficielles, le problème ne se pose pas. L'Algérie dispose de 69 barrages dont 12 en cours de réalisation. Pour ce qui est de la capacité de mobilisation des eaux superficielles, elle oscille entre 5,5 et 7,5 milliards de m3. Bien plus 11 grosses usines de dessalement de l'eau de mer sont en chantier pour alimenter les grandes villes côtières puisque, aux yeux de M. Sellal, c'est une alternative incontournable, à plus forte raison que le coût de l'énergie n'est pas cher en Algérie. En revanche, la gestion des ressources hydriques préoccupe sérieusement M. Sellal. Outre le non-paiement de factures, les fuites d'eau sont de l'ordre de 40%. Aussi le ministère des Ressources a décidé de faire appel aux sociétés étrangères dans le cadre de la gestion déléguée. Ce qui fut fait pour Alger puisque son réseau d'AEP est, depuis quelques semaines, géré par la société française la Suez. La même solution sera appliquée pour les villes d'Oran, d'Annaba et de Constantine durant le 1er semestre 2006. Mais il n'est pas dit que c'est la même société qui raflera la mise. Des points positifs, tout de même, au tableau : plus de 90% de la population algérienne est raccordée au réseau d'alimentation en eau potable. Le taux moyen de consommation est de 120 m3/jour/ habitant. Comparée à des pays de même niveau de développement, l'Algérie est bien lotie. Il reste qu'aujourd'hui 2 milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable. Un chiffre qui atteindra les 3 à 4 milliards à l'horizon 2020. A. C.