L'ancien ministre américain de la Justice émet de sérieux doutes sur la possibilité que le procès du président irakien déchu soit équitable, parce qu'il estime que le tribunal ne possède “aucun pouvoir”. Mettant à nouveau la légitimité du tribunal en cause, Ramsey Clarck s'est également attaqué au juge qu'il qualifie de partial. En effet, interrogé par CNN sur la possibilité de voir le procès se dérouler de manière équitable, l'avocat américain a répondu : “Je pense que cela va être très, très dur.” Il estime que la cour dirigée par le juge kurde ne possédait “aucun pouvoir”, tout en mettant l'accent sur le fait qu'elle était “aux ordres” des Américains et du gouvernement irakien. “Aujourd'hui, nous avons eu des preuves supplémentaires. La cour était chaotique, la moitié du temps, avec deux ou trois personnes s'exprimant en même temps”, a affirmé l'ex-attorney général des Etats-Unis au sujet de la gestion du procès par le juge kurde Rizkar Amine. Selon lui, le magistrat fait partie des personnes qui “possédaient certaines positions durant l'ancien régime et vous devez savoir qu'elles sont impartiales (...) Vous devez savoir s'il y a quelque chose dans leurs antécédents qui les rend difficilement impartiales” en référence à ses origines kurdes. Il n'a pas manqué de se poser des questions sur le pourquoi de la tenue du procès du moment que la partialité est absente. “Si vous n'avez pas un juge impartial, pourquoi avoir un procès ?”, s'est-il notamment interrogé. Ramsey Clarck a précisé que le procès s'est poursuivi, hier, à la demande de la défense, car a-t-il dit : “Nous sommes ici, nous voulons aller de l'avant.” De son côté, l'ancien ministre qatariote, Najib Nouaïmi, s'est quant à lui attaqué aux deux témoins entendus lundi dernier, dont l'un est membre du parti Dawa du Premier ministre Ibrahim Jaâfari. Selon lui, le témoignage était “motivé politiquement” car appartenant à un groupe politique “pro-iranien”. Il a affirmé que, pour l'heure, le tribunal ne disposait “d'aucune preuve ni écrite ni orale” contre Saddam Hussein. Quant au déroulement de la quatrième journée du procès hier, il y a lieu de noter la déposition d'une femme, identifiée comme le “témoin A” par mesure de sécurité. Le président du Haut Tribunal pénal irakien, Rizkar Amine, avait auparavant décidé de couper le son dans la salle de presse, pour lui permettre de déposer sans avoir à altérer sa voix artificiellement, les avocats disant ne pas bien comprendre. Elle a raconté comment son frère et d'autres membres de sa famille avaient été emmenés par les forces de Saddam Hussein au début des années 1980. À un moment, elle éclate en sanglots en relatant comment les forces de sécurité l'avaient emmenée et obligée à se déshabiller. Une deuxième femme, 68 ans, originaire de Doujaïl, a été ensuite appelée à la barre comme “témoin B”. Elle a été arrêtée avec ses 7 enfants et son mari en 1981, avant l'attaque contre le convoi présidentiel et détenue en même temps qu'eux pendant 4 mois. Par ailleurs, Saddam Hussein, dernier à entrer dans la salle comme à son habitude, a salué ses coaccusés par “salut à ceux qui suivent la juste voie”. Contestant les témoignages et se montrant combatif, il dira “ne pas avoir peur de la peine de mort”. K. ABDELKAMEL