Arguant des mauvaises conditions de sa détention durant son jugement, l'ancien dictateur irakien n'a pas voulu se présenter devant ses juges hier. Saddam Hussein, qui s'était montré excédé la veille par la décision du président du tribunal spécial irakien de programmer pour hier une cinquième séance du procès, a mis à exécution sa menace de ne pas comparaître. Insistant sur le fait qu'il n'avait plus de vêtements propres et qu'il ne pouvait plus fumer, ni marcher, l'ancien maître absolu de Bagdad ne s'est pas privé de lancer en direction des magistrats : “Allez au diable.” Contenant difficilement ses émotions, il s'est à nouveau montré provocateurs en affirmant : “Les Américains et les Israéliens veulent l'exécution de Saddam Hussein et ils se sentiraient plus petits que des puces s'ils n'arrivaient pas à le condamner.” Rizkar Amine, le président de la cour, a catégoriquement rejeté une requête de la défense demandant un report du procès en déclarant : “Nous allons écouter deux témoins mercredi (hier, ndlr) et nous déciderons ensuite d'une nouvelle date.” Réagissant à l'absence de Saddam sans pour autant le citer, une source du tribunal a précisé : “Il y a un retard car l'un des accusés refuse de venir dans la salle du tribunal. Cet accusé est réuni actuellement avec ses avocats.” La même source a ajouté : “S'il ne vient pas, ils trouveront une autre solution.” Bien qu'il peut le juger par contumace, le président du tribunal insiste pour qu'il soit présent et suive le déroulement du procès. À signaler que la journée de mardi avait été marquée par les dépositions de cinq témoins, dont les deux premières femmes à témoigner devant le tribunal. Le président américain George W. Bush a affirmé que le procès “montre le changement qui a eu lieu dans la société irakienne”. De son côté, le Premier ministre irakien, Ibrahim Jaâfari, a souligné que le procès était équitable. Hier encore, des dizaines de personnes ont manifesté à Owja, le village natal du dictateur déchu au nord de Bagdad, pour demander sa libération. “Notre âme et notre sang, nous les sacrifions pour toi Saddam”, scandaient-elles. Par ailleurs, avant le début de cette cinquième journée d'audience, une vingtaine d'hommes armés ont attaqué, hier matin, l'hôpital général de Kirkouk, libérant un détenu, membre d'une cellule qui planifiait d'assassiner un juge du tribunal de Saddam Hussein, et tuant trois policiers, selon la police et l'établissement. Le détenu faisait partie d'une cellule islamiste liée à Al-Qaïda qui planifiait d'assassiner cette semaine Rakd Jouhi, l'un des juges du tribunal jugeant Saddam Hussein à Bagdad. Pour rappel, la police avait indiqué samedi que tous les membres de la cellule islamiste sont des Irakiens arabes sunnites, originaires de Kirkouk, de Tikrit, l'ancien fief de Saddam Hussein au nord de la capitale, et de la province rebelle sunnite d'Al-Anbar, à l'ouest de Bagdad. Ils ont avoué, lors de leur interrogatoire, avoir planifié de tuer M. Jouhi. K. ABDELKAMEL