Il s'agit d'une grande bâtisse datant de l'ère coloniale située sur le plateau de Bouni. Elle comprend deux logements jumelés, des hangars, des écuries, une petite station météo et une salle de soins avec une grande cour intérieure, le tout entouré d'un mur. Relevant de la circonscription des forêts d'Akbou, elle a fait office de lieu d'hébergement pour les gardes forestiers pendant des décennies avant de tomber dans l'oubli. Cette maison, située dans la commune d'Ighil Ali, est aujourd'hui complètement abandonnée et délabrée après avoir servi de lieu de cantonnement pour un détachement de l'armée au début des années 1990 lorsque des groupes de terroristes islamistes tentaient de s'installer dans la région. Les militaires repartis, elle est devenue un haut lieu de débauche en raison de son isolement et l'absence d'un gardien. Les portes, les fenêtres, les tuiles et les poutres ont fait l'objet d'un pillage organisé. Commune à vocation forestière, Ighil Ali compte près de 7 500 ha de forêts domaniales ou privées avec le pin d'Alep comme essence dominante et le chêne vert comme espèce accompagnatrice. Il n'y a en tout et pour tout que quatre agents des services techniques relevant de la commune pour s'occuper d'un vaste massif boisé en proie au pillage, aux incendies et à la coupe illicite de bois vendu par de jeunes désœuvrés aux entrepreneurs à 100 DA la perche. Quatre agents sans moyens roulants et qui se contentent de réaliser quelques pistes agricoles, d'aménager des points d'eau ou d'effectuer des opérations d'assainissement après les incendies. Maintenant que la paix est revenue et que le spectre du terrorisme s'est définitivement estompé, beaucoup de citoyens s'interrogent sur ce manque flagrant de volonté des services concernés, en l'occurrence, la direction des forêts de la wilaya de Béjaïa, à reprendre en main un bien public qui pourrait constituer un atout non négligeable dans la préservation des milieux naturels de plus en plus menacés. Djamel Alilat