Il est probable que le Conseil de sécurité vote, aujourd'hui, un prolongement de la mission des experts de l'ONU. Hans Blix et Mohamed El-Baradei ont présenté, lundi, devant le Conseil de sécurité un bilan assez rude des inspections effectuées, jusqu'ici, en Irak, singulièrement, en rapport avec la coopération de Bagdad que les deux hommes ont jugé insuffisante. De fait, il ne fallait pas s'attendre à de grosses surprises d'un rapport qui, paradoxalement, malgré les réserves émises par Hans Blix, chef de la mission d'inspection de contrôle et de vérification et des Nations unies (Cocovinu), n'apporte pas d'éléments nouveaux contraignants pour l'Irak, quoi qu'en pense Washington. Certes, M.Blix s'est montré assez critique envers Bagdad notamment par rapport à certaines anomalies apparues lors des inspections, estimant que «L'Irak ne semble pas avoir complètement accepté, même aujourd'hui, le désarmement qui lui a été réclamé et qu'il doit mener pour gagner la confiance du monde». En revanche, son collègue Mohamed El-Baradei, directeur de l'Agence internationale pour l'Energie atomique (Aiea), chargé du volet nucléaire des inspections, s'est montré plutôt positif affirmant en particulier qu'«aucune activité nucléaire prohibée n'avait été identifiée durant les inspections». Un fait important qui, à la limite, démontre que l'Irak n'a pas mis à profit l'absence des inspecteurs de l'ONU (de décembre 1998 à leur retour en novembre 2002) pour reconstituer son arsenal d'armes de destruction massive. En tout état de cause, selon tous les observateurs, les inspecteurs ont besoin de temps pour faire correctement leur travail. C'est encore les Etats-Unis qui ont eu, sans surprise, la réaction la plus négative, alors que la communauté internationale, dans son ensemble estime qu'il faut laisser, et donner, du temps à la mission de l'ONU, pour désarmer pacifiquement l'Irak. Ce qui ne semble pas le point de vue de Colin Powell, le secrétaire d'Etat américain, qui déclarait, immédiatement après la lecture du rapport des experts onusiens, que l'Irak «n'avait plus beaucoup de temps» rappelant que les Etats-Unis «se réservaient le droit d'utiliser la force si Bagdad ne désarmait pas pacifiquement» Ari Fleischer, le porte-parole de la Maison-Blanche, soulignait pour sa part que «le processus (des inspecteurs) continue mais (...) je ne peux pas dire qu'il s'agira de semaines ou de mois». A ce propos, le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, croit savoir que les inspecteurs doivent remettre, au Conseil de sécurité, un nouveau rapport le 14 février prochain. Unanimes, les trois autres membres permanents du Conseil de sécurité souligne que plus que jamais, il faut du temps aux inspecteurs. Ainsi, le président français, Jacques Chirac, indique que la France «est favorable à la poursuite du travail des inspecteurs qui doivent pouvoir bénéficier de la pleine et entière coopération de Bagdad». De son côté le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a indiqué dans une déclaration à la chaîne américaine NBC que «nous ne saurions soutenir une action unilatérale. (..) ce n'est pas seulement la Russie, mais une majorité écrasante des pays du monde qui prendront position contre un recours unilatéral à la force» (allusion à peine voilée à une éventuelle attaque américaine). Le chef de la diplomatie russe souligne par ailleurs: «Nous nous efforçons d'éviter un veto et de trouver une solution qui sauvegarde l'unité des membres du Conseil de sécurité de l'ONU», laissant sous-entendre, ainsi, que Moscou pourrait, éventuellement, recourir au veto. A Pékin, le ministère des Affaires étrangères qui prône «la patience», met lui aussi en garde contre «toute précipitation», comme l'a indiqué la porte-parole de ce ministère, Mme Zhang Qiyue qui affirme: «Nous maintenons qu'il ne faut pas tirer de conclusions hâtives à ce stade et nous devons continuer de soutenir la poursuite du travail des inspecteurs en désarmement», ajoutant: «Globalement, nous pensons que la question doit trouver une solution politique dans le cadre de l'ONU». Aux Nations unies, le Conseil de sécurité doit se réunir, aujourd'hui, à huis clos pour décider de la suite à donner au rapport des inspecteurs en désarmement. Il est cependant attendu que le Conseil prolonge, d'au moins quelques semaines, la mission d'inspection de contrôle et de vérification pour le désarmement de l'Irak.