Véritable monstre sacré du cinéma français, avec une filmographie qui compte pas moins d'une centaine d'œuvres comme acteur, metteur en scène et réalisateur, Jean-Claude Brialy est retourné sur la terre de son enfance, où déjà son talent était perceptible. En tout cas, il n'était pas dans la lignée de son père, colonel de l'armée française arrivé en 1932 dans l'ex-Aumale, devenue Sour El-Ghozlane, wilaya de Bouira, où le cinéaste est né le 30 mars 1933. Il suivra ensuite son père au gré de ses mutations. Alors que la terre natale commence à renouer avec un apaisement rompu par les années de terrorisme, le cinéaste ne s'est pas privé de faire un pèlerinage sur ces lieux qui l'ont vu naître. De ce voyage est né un documentaire de 52 minutes projeté en avant-première, le 28 novembre, à l'Institut du monde arabe à Paris. Réalisé par Yannis Chebb et Michael Kazan, Jean-Claude Brialy, sur les pas de son enfance algérienne est programmé en janvier sur TV5 dont le P-DG, Jean-Jacques Aillagon, ex-ministre français de la Culture, a participé à la projection en avant-première. Invité à donner une conférence à l'Ecole nationale des arts dramatiques, le cinéaste choisit d'arriver à Alger avec quelques jours d'avance. Le temps de prendre à rebours son enfance. Le voyage commence donc à Alger. Les plans de la ville se succèdent sur fond de musique orientale. La caméra s'enfonce dans La Casbah et ressort vers Bab El Oued et le Front-de-mer. La voix de Brialy survole les rues. Il explique son attachement au pays. Ce qui lui rappelle son enfance et ce qui lui semble étranger. Son enfance ? C'est à Sour El-Ghozlane qu'il ira la retrouver. L'émotion monte à mesure qu'il en parcourt les rues étroites à la rencontre des habitants, sur le chemin de l'appartement de fonction, où il a ouvert les yeux dans une caserne. La caméra se fait discrète. L'acteur décrit son ancien logis, discute avec les propriétaires actuels. Il parle de sa personnalité d'alors. Graine d'artiste. “L'une de mes occupations favorites était d'observer les grandes personnes et je devins vite le champion des grimaces. J'imitais avec facilité, je n'avais pas la langue dans ma poche”, se rappelle-t-il. Après Sour, c'est Blida où la famille s'était installée après la mutation du père. Brialy retrouve l'église où il inventait des mensonges lors de la confession. Il suivra ensuite la sinueuse route de la Chiffa pour redécouvrir le Ruisseau des singes. Brialy s'arrête au bord du ruisseau et raconte la suite : les escapades d'un adolescent fou de théâtre, ses premières émotions au cinéma où il allait avec sa mère, la rupture avec les parents et la découverte de Paris, ville lumière et paradis, à l'accès difficile. Difficile ? Yacine KENZY