Lorsqu'un cancéreux se déplace à l'hôpital avec “armes et bagages” pour subir une chimiothérapie, et lorsque le même établissement renvoie des malades venus de l'intérieur du pays pour manque de place, c'est qu'il y a réellement matière à s'inquiéter et à prendre les mesures qui s'imposent. Aux 250 000 cancéreux déjà recensés, s'ajoutent chaque année quelque 30 000 nouveaux cas. Les chiffres sont alarmants. Et c'est le moins que l'on puisse dire. Le ministre de la Santé, qui l'a annoncé ce week-end à partir d'Oran, ne s'est pas attardé sur les causes de cette maladie grave qui touche aujourd'hui une tranche beaucoup plus jeune de la population. Si la consommation du tabac, de l'alcool ainsi que les effets néfastes induits par la pollution industrielle sont à l'origine de la propagation effrayante du cancer dans le pays, il n'en reste pas moins que la question qui se pose à présent est de savoir si l'Algérie est prête à prendre en charge, et dans les conditions idoines, les milliers de nouveaux cas qui se déclarent chaque année. Le constat ainsi établi fait ressortir les limites de la prise en charge dans les structures hospitalières existant actuellement, à commencer par le Centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger qui n'arrive plus à faire face à la situation. Lorsqu'un cancéreux se déplace à l'hôpital avec “armes et bagages” pour subir une chimiothérapie, et lorsque le même établissement renvoie des malades venus de l'intérieur du pays pour manque de place, c'est qu'il y a réellement matière à s'inquiéter et à prendre les mesures qui s'imposent. Il est d'ailleurs question de la construction d'une dizaine de centres anticancéreux d'ici 2009, ainsi que des aides substantielles destinées aux cas les plus sérieux et dont les moyens financiers ne leur permettent pas de voyager ou de subir des soins ou des analyses médicales, notamment chez le privé. En d'autres termes, des ambulances équipées seront mises à leur disposition pour assurer leur déplacement, et des billets d'avion sur les lignes d'Air Algérie seront octroyés au profit des malades de l'intérieur du pays. Ce sont en fait des mesures à caractère social qui ne manqueront certainement pas d'alléger, un tant soit peu, les souffrances de cette catégorie de malades, mais qui resteront insuffisantes tant que les structures hospitalières n'auront pas été mises à niveau et qu'un nouveau système de santé n'aura pas vu le jour. S. T.