Face à la pression américaine, le gouvernement israélien n'exclut plus que les Palestiniens de la partie de la ville annexée en 1967 puissent voter lors des élections législatives que compte organiser l'Autorité palestinienne le 26 janvier prochain. Après avoir annoncé mercredi passé qu'il n'autoriserait plus les habitants palestiniens de Jérusalem-Est de prendre part aux législatives, l'Etat hébreu affirme n'avoir pas pris de décision définitive et attend que la date du scrutin soit fixée par l'Autorité palestinienne pour trancher le sujet. Suite à l'appel des Etats-Unis en direction des Israéliens et des Palestiniens à régler par le dialogue leur différend, Tel-Aviv change son fusil d'épaule en tentant de rejeter la responsabilité sur le président de l'Autorité Palestinienne. Pour rappel, les Américains estiment que la question de la participation des Palestiniens de cette ville “surgit périodiquement quand il y a des élections palestiniennes (...) Je ne vois pas quelle différence il y a avec les élections passées”. “Israël n'a aucune intention de fournir un prétexte à Mahmoud Abbas pour annuler ce scrutin parce qu'il a peur d'une victoire du Hamas et lui permettre ainsi de nous accuser auprès de la communauté internationale d'être responsable de sa décision”, a déclaré, hier, un responsable à la présidence du conseil israélien. Selon ce dernier, “une décision finale d'Israël sur le vote des Palestiniens à Jérusalem sera prise lorsque l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas aura définitivement confirmé la tenue des élections à la date prévue”. Ainsi, le gouvernement d'Ariel Sharon “envisagera le moment venu” la possibilité que les Palestiniens de Jérusalem votent dans cinq bureaux postes disséminés dans la partie arabe de la ville. Cherchant à trouver des justificatifs à leur précédente position, les Israéliens minimisent l'importance de la portée de cette participation en ayant recours à des chiffres de la dernière élection présidentielle palestinienne. D'après eux, 5 000 Palestiniens étaient inscrits dans des bureaux de vote installés à l'intérieur des postes de la ville. Quelque 100 000 autres Palestiniens étaient pour leur part inscrits dans des bureaux de vote disséminés dans les faubourgs de la ville. Sur ce total, seuls 6 200 ont finalement participé au scrutin, dont 1 200 à l'intérieur de la ville, affirment-ils. Poussant ce raisonnement plus loin, le haut responsable du gouvernement Sharon dit s'attendre à un possible effondrement de l'Autorité palestinienne que pourrait provoquer “l'impuissance de Mahmoud Abbas à imposer l'ordre et la loi”. “Nous nous sommes préparés à un possible effondrement de l'Autorité palestinienne que risque de provoquer l'impuissance de Mahmoud Abbas à imposer l'ordre et la loi aussi bien sur le terrain qu'au sein du Fatah, son propre parti”, a-t-il déclaré. “Mahmoud Abbas est à ce point faible notamment vis-à-vis du Hamas qu'il est incapable de faire appliquer la moindre décision”. “Mais on ne peut pas toujours accuser les autres pour justifier sa propre faiblesse”, a-t-il ajouté. D'autres hauts responsables militaires cités par le quotidien Haaretz ont pour leur part affirmé que la position politique de Mahmoud Abbas “a atteint son point le plus bas”, depuis qu'il a succédé à Yasser Arafat décédé en novembre 2004, tout en soulignant eux aussi que le président de l'Autorité palestinienne “ne parvient pas à faire respecter ses ordres”. K. ABDELKAMEL