Après exactement cinq semaines d'une absence inattendue provoquée par la maladie, le président Bouteflika doit regagner, aujourd'hui, Alger. “Il est en très bonne santé”, assurent des sources proches du palais d'El-Mouradia. “Il va surprendre par sa forme”, ajoutent ces sources qui se disent “convaincues” que le président reprendra ses activités avec “autant d'énergie” qu'avant son hospitalisation le 26 novembre. Victime d'une hémorragie alors qu'il devait se rendre au sommet Euromed de Barcelone, le chef de l'Etat a été alors évacué à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce, un établissement illustre où le président Jacques Chirac et, en son temps, Hassan II, ont effectué de fréquents séjours. Disposant d'équipements de pointe, l'hôpital de 559 lits est notamment célèbre pour son culte du secret. Au point où des dirigeants de l'armée française se disent incapables de situer la suite réservée aux chefs d'Etat admis dans son enceinte. De là, à envisager qu'un agent de sécurité puisse y faire pénétrer un artiste de passage, comme le concerné l'a lui-même dit, il y a comme une incongruité, difficile à décoder... Il a fallu attendre le 5 décembre pour qu'un premier bulletin de santé fût publié. Il évoquait une intervention chirurgicale pour un ulcère au niveau de l'estomac. L'opération parfaitement réussie, selon le professeur Zitouni, se serait déroulée au soir du 29 novembre. Le bulletin n'a été rendu public qu'au moment où des rumeurs alarmistes ont commencé à naître, contredisant les assurances données par les ministres, lesquels n'ont jamais réussi à rendre visite au chef de l'Etat. Un seul responsable de l'Etat aurait eu ce privilège. Et la visite s'est déroulée dans la discrétion la plus absolue. En tout cas, pas comme la prétendue entrevue entre Bouteflika et Cheb Mami que des sources de haut niveau ont démentie. Que s'est-il donc passé pour que le chanteur ait pris la liberté de s'exprimer à la place des instances officielles ainsi tournées en dérision? La prétendue visite était intervenue à un moment où la rumeur s'était affolée. Le 18 décembre, un communiqué officiel annonçait que le président quittait l'hôpital. Dans la soirée, Bouteflika apparaissait brièvement à la télévision. Souriant, mais fatigué. Le professeur Zitouni, finalement seul praticien à l'avoir accompagné alors que le premier communiqué parlait d'une équipe de médecins, s'est montré rassurant. Il a annoncé un pronostic favorable soulignant que le chef de l'Etat avait besoin d'“un repos strict”. Il s'est ensuite retiré dans une suite de l'hôtel Meurice, le célèbre palace parisien qui fait face au jardin des Tuileries. À la réception de l'établissement de l'hôtel, il ne fallait pas demander de renseignement. Les consignes sont claires. “On ne le connaît pas”, s'entend-on répondre invariablement. Pour preuve, on vous dit que l'hôtel ne bénéficiait pas de protection laissant deviner la présence d'un chef d'Etat. Avec un peu de patience pourtant, on peut voir arriver le professeur Zitouni ou les frères du président... Accompagnée de deux jeunes filles, une femme venue offrir un bouquet de fleurs à l'illustre patient. Elle ne fait que tourner dans les couloirs du luxueux hôtel qui scintille des lumières de fin d'année. Y. K.