La 6e édition du Festival du film amazigh, qui a eu lieu à Ghardaïa du 26 au 31 décembre 2005, s'est clôturée par une belle cérémonie ayant réuni un public international. L'édition de cette année a été marquée par un palmarès mitigé, et surtout non justifié : la défaillance des autorités locales et un grand succès des ateliers de formation. Parmi les 17 films en compétition, 4 ont été récompensés. Pendant que Taddart (le village) de Krim Moustafa et I'kecc d acu itxedmed ? (Qu'as-tu fait de tes 20 ans) de Ali Hadjaz ont partagé l'Olivier,soit la plus haute distinction du festival, Tires (puits) de Nourredine Bekkaye et Yugurthen (Jugurtha) de Mokrane Aït Saâda ont, quant à eux, partagé l'Olivier d'argent. Ce palmarès, aussi paradoxal que cela puisse paraître, a privilégié plus la simplicité au détriment de l'élaboration cinématographique. Par ailleurs, le jury s'est montré aveugle à la subtilité esthétique qu'a livrée Omar Ammour dans Le labyrinthe des sentiments, et au formidable travail, alliant recherche documentaire, expression ironique, et adéquation de la forme au genre (documentaire historique), proposé par Mokrane Aït Saâda dans Yugurthen. C'est ainsi que, faute de perspicacité du jury qui n'a guère justifié son choix, comme cela est d'usage dans d'autres festivals, Jugurtha a perdu son trône qui lui revient de droit. En parlant de droits, les festivaliers sont aussi en droit de se poser des questions sur le désengagement des autorités locales de la manifestation, pourtant placée sous le haut patronage du président de la République. La couleur a été annoncée par le wali qui, après avoir fait un discours en faveur de la culture, n'a pas eu le respect de donner l'exemple à suivre le film d'ouverture, fort heureusement que le réalisateur n'était pas absent. Dans le volet des choses positives à retenir de cette 6e édition, figure le grand succès apporté par les ateliers de formation. Plus de 160 stagiaires ont profité du savoir et de l'expérience de professionnels du cinéma. À l'heure où la salle qui avait abrité le festival se vidait, les habitants de la vallée du M'zab manifestait des regrets et les organisateurs commençaient à faire le bilan et, surtout, à préparer la prochaine édition qui sera abritée dans la ville de Tlemcen. Cependant, l'incertitude plane sur la prochaine édition. Les organisateurs, ayant travaillé jusque-là dans des conditions difficiles, conditionnent la tenue du prochain rendez-vous par l'institutionnalisation de ce festival dont les retombées sont extraordinaires, et ce, aussi bien sur la jeunesse que sur la culture algérienne. À bon entendeur salut ! TAHAR HOUCHI