Depuis onze ans, plusieurs commerçants du marché sont dans une situation de détresse. Leur commerce a périclité depuis l'invasion anarchique de marchands de légumes qui ont progressivement occupé le moindre espace de libre, jusqu'à obstruer l'accès de leurs magasins (mercerie, cordonnerie…) et en dissimuler la façade. En désespoir de cause, certains ont fermé boutique. Ceux qui demeurent là se trouvent dans une situation très critique, tel ce mercier qui a acheté son local il y a 25 ans et qui avoue, aujourd'hui, être ruiné. Sa clientèle, essentiellement féminine, contrainte de se frayer un chemin parmi les cageots dans un milieu strictement masculin, a déserté ce magasin pourtant bien achalandé. Dans le désarroi, ce dernier, père de famille, a dû porter l'affaire en justice. Cela fait 7 ans qu'il se bat sans résultat. Il a dû constituer trois avocats et faire appel à un expert qui lui a coûté la somme de 25 000 DA. Au centre-ville, des merceries ont ouvert récemment. Elles sont plus accessibles aux femmes qui les préfèrent aux recoins obscurs menant à la boutique du marché. La solution serait de désengorger le marché qui ne peut plus contenir l'ensemble (plus de 300) des marchands. Ce qui ne semble pas possible pour le moment. L'ancien marché aux bestiaux devrait offrir prochainement 70 locaux commerciaux, chiffre qui correspond au nombre de marchands de légumes, de vêtements, de chaussures, d'étoffes et autres. Ce qui devrait permettre de libérer ces espaces devenus piétons par la force des choses, véritables goulots d'étranglement, notamment aux abords de la mosquée El Atiq. “Nous nous chargerons, dans un deuxième temps, d'organiser l'intérieur du marché en attendant de trouver une solution pour tous”, nous a assurés le président d'APC, Noureddine Ammar. Ce qui n'est pas pour résoudre le problème des magasins dont les propriétaires sont en situation régulière depuis toujours et qui ont fait les frais d'un contexte anarchique. Il reste que l'emplacement du marché (au cœur de la ville) convient à la plupart des habitants. Déplacer les marchands de fruits et légumes à un bout ou à un autre de la ville ne serait pas du goût de tous. L'éclatement du marché, où l'activité commerciale est centralisée, pourrait engendrer bien des mécontents. C'est le cas de la poste qui a été transférée à l'entrée de la ville, un calvaire pour les personnes âgées surtout, qui habitent à la sortie d'El-Affroun. L'idéal serait, comme l'ont suggéré des citoyens, de construire un marché couvert derrière l'église, à quelques dizaines de mètres de l'actuel souk. Encore faudrait-il pouvoir déloger les habitants qui occupent, sur ce site, d'anciens logements préfabriqués d'enseignants, devenus aujourd'hui un bidonville, et les reloger pour libérer ce terrain. Il semble que l'on ne soit pas près de trouver la bonne solution. Celle qui conviendrait à tous. En attendant, le marasme s'accentue. F. S.