Sharon doit subir aujourd'hui une intervention chirurgicale du cœur. L'intérim sera assuré par son vice-premier ministre Ehud Olmert. Sharon devrait reprendre les rênes du pouvoir dès qu'il reprendra conscience, soit, selon ses médecins, trois heures après son admission à l'hôpital Hadassah d'El Qods. Il a été hospitalisé le 18 décembre dernier à la suite d'une “légère attaque cérébrale” provoquée “par un caillot de sang venant du cœur”, selon son cardiologue. Sharon, qui aura 78 ans en février prochain, doit également faire face à un scandale financier dont la police est sur le point d'établir son implication. Les enquêteurs doivent examiner, dans les prochains jours, des données stockées sur ordinateur, susceptibles de prouver qu'il a reçu des pots-de-vin d'un homme d'affaires autrichien, a rapporté hier la radio publique israélienne. La police devait confirmer, la veille, avoir confisqué des ordinateurs et des téléphones portables appartenant à la famille du financier autrichien Martin Schlaf, lors d'une perquisition en décembre dans son domicile israélien. Ces données pourraient offrir la preuve que Schlaf a versé trois millions de dollars en pots-de-vin à la famille Sharon. La police soupçonne qu'une partie de l'argent versé par l'homme d'affaire autrichien a été utilisée par Sharon pour rembourser des contributions illégales, recueillies lors de la campagne électorale de 1999, qui allait lui permettre de prendre la tête du Likoud, puis d'Israël. L'histoire ne date pas d'aujourd'hui. Voilà un bon moment que la justice israélienne tente de mettre la main sur Sharon. La presse israélienne n'a cesse de faire des gorges chaudes sur les pots-de-vin empochés par Sharon, en contrepartie de marchés juteux octroyés à de multiples donateurs. Pour se défausser, Sharon devait même recourir à un entrepreneur sud-africain, qui lui a généreusement prêté 1,5 million de dollars pour rembourser les contributions à sa campagne en 1999, obtenues grâce à la corruption. Malgré la contre-offensive du parquet, les magistrats enquêteurs ont continué leurs investigations et, en début de semaine, Omri Sharon, le fils de Sharon, démissionne de son poste de député à la suite de son inculpation dans l'affaire de financement occulte du retour de son père aux affaires. Pour sauver son père, Omri a plaidé coupable devant la justice pour faux témoignages et faux et usage de faux. Sharon ne désespère pas de disputer les législatives anticipées le 23 janvier, à la tête du Kadima, une nouvelle formation créée par lui, que les sondages donnent comme favorite pour remporter le scrutin. Il avait claqué la porte du Likoud. Le sacrifice de son fils Omri lui ouvrira-t-il les portes à un nouveau mandat ? D. Bouatta