250 unités constituant un danger pour la santé du citoyen et l'environnement ont été fermées, définitivement ou provisoirement, en 2005 par le secteur de tutelle. Lors de la conférence de presse organisée hier, au ministère de l'environnement, il a été question de l'élimination des déchets spéciaux. Ainsi, pour la seule période 1998-2001, la CNAS a enregistré 44 maladies professionnelles dont l'origine est l'amiante. Durant la même période, il a été relevé 6 cas de cancers et 5 décès à l'amiante. Entre 1982 et 1997 par contre, il a été recensé 123 maladies dont 10 mésothéliomes pleuraux (cancer de la plèvre). C'est le résultat d'une trentaine d'années d'exploitation des quatre usines de production d'amiante en Algérie (Meftah, Bordj Bou-Arréridj et Gué-de-Constantine). Le bureau International Veritas a confirmé une présence significative de fibres d'amiante à partir de prélèvements de poussière. Le danger inhérent à cette substance cancérigène affecte 700 travailleurs qui sont en contact avec ce matériau en milieu professionnel. Ces travailleurs sont exposés au risque de développer l'asbestose. L'expertise recommande, d'ailleurs, que soient dépollués l'ensemble des équipements et bâtiments ainsi que les sols. Durant la période de dépollution, qui peut aller de deux à trois années, les unités doivent cesser toute activité. C'est ce qui a prévalu pour l'unité de Meftah qui a rouvert ses portes contrairement à celle de Gué-de-Constantine qui a fermé définitivement. D'autres déchets spéciaux tout autant nuisibles nécessitent, à leur tour, d'être éliminés. Il s'agit du mercure, des boues de zinc, des polychlorobiphényles (PCB), des pesticides périmés, des huiles usagées, des déchets cyanurés et des produits pharmaceutiques périmés (12 000 t). Pas moins de 325 100 tonnes de déchets spéciaux sont produites chaque année dans notre pays qui se retrouve avec 2 millions de déchets industriels spéciaux en stock qu'il faudra éliminer. “Le gouvernement a décidé de définir et de mettre en œuvre une stratégie nationale de gestion des déchets spéciaux traduite par un programme national institué par la loi de décembre 2001 qui est élaborée sur une période de 10 ans”, dira le ministre avant d'aborder les résultats du cadastre élaboré en 2002. Les 12 gros générateurs de déchets sont concentrés dans les régions centre, est et ouest. Les wilayas d'implantation sont : Alger, Béjaïa, Skikda, Annaba, Tlemcen et Oran. La région est apparaît en tête de liste avec 55% de déchets, soit plus de un million, ce qui équivaut à la moitié de la quantité des déchets stockés sur tout le territoire et produits 145 000 t/an soit 45% du total. Les wilayas de Annaba et Skikda sont caractérisées par une forte proportion de déchets (complexe mercuriel de Azzaba, les pétrochimiques, le transport des hydrocarbures et Ispat Annaba). Cette région est talonnée par l'Ouest avec 30% de déchets générés (98 550 t/an) et 26% de déchets stockés (521 800 t). C'est la zone industrielle d'Arzew qui est la plus grande génératrice de déchets avec 65 760 t/an uniquement pour la raffinerie d'Arzew suivie d'Alzinc Ghazaouet avec 18 500 t/an de déchets. En dernier lieu se présente la région centre avec 24 % de déchets générés soit 19% de stock notamment dans l'axe Alger-Réghaïa-Rouiba. 2006 sera donc l'année choisie par le gouvernement pour s'attaquer à ce registre épineux en dégageant une enveloppe financière dans le cadre du programme de soutien à la relance économique pour l'élimination des hots spots. Les cahiers des charges ont été élaborés et un appel d'offres sera d'ailleurs lancé incessamment. “L'état se montrera intransigeante envers les pollueurs”, avertit le ministre. Nabila Saïdoun