Plusieurs milliards de dollars ont été volés au Liban et en Syrie par des personnes faisant partie de l'entourage du président syrien Bachar al-Assad, a affirmé l'ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, qui vit en exil en France, dans une interview à un hebdomadaire français. “Dans l'entourage présidentiel, les sommes volées au Liban et en Syrie dépassent les 20 milliards de dollars”, a-t-il notamment déclaré, sans autre précision. L'ancien dignitaire syrien, qui distille ses confidences dans le cadre d'une campagne médiatique contre le régime de Damas, soumis à de fortes pressions de la part de la communauté internationale pour qu'il accepte de coopérer dans l'enquête diligentée par l'ONU sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais, le richissime Rafic Hariri, implique également le président libanais Emile Lahoud, selon lui, un homme des Syriens, ainsi que les services de sécurité libanais et syriens dans la corruption au Liban. Concernant l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, dans lequel Khaddam met en cause Damas, l'ancien vice-président a affirmé, dans cette interview, avoir exhorté plusieurs fois Hariri de quitter le Liban. “Dix jours avant son assassinat, je l'ai vu à Beyrouth pour lui dire : “démissionne et pars à l'étranger.” Il m'a répondu : “J'ai des élections. Je ne peux pas.” Les élections approchaient et Hariri, proche de l'opposition libanaise, répétait : “Le Liban ne peut être présidé contre la Syrie ni par la Syrie”. Selon l'ex-vice président Khaddam, c'est cette dernière phrase qui l'a tué. Damas, de son côté, a publié l'argent que s'est fait Khaddam lorsqu'il secondait le père de Bachar, Hafed al-Assad. Selon les publications, sa fortune est colossale, des biens à l'étranger et en Syrie et des comptes en banques bien remplis. L'ancien vice-président appelle au renversement du pouvoir à Damas. Son initiative reste cependant entourée de mystère et semble, a priori, n'être qu'une initiative personnelle plutôt qu'une action concertée avec l'opposition. Khaddam prépare-t-il un retour en force sur la scène politique syrienne ? Exilé à Paris depuis l'été 2005, en raison de désaccords profonds avec le président Bachar al-Assad, Khaddam aura provoqué un séisme politique en appelant, depuis fin décembre, à un changement de régime en Syrie. D. B.