Classée patrimoine universel par l'Unesco depuis 1992, la restauration de La Casbah d'Alger et la sauvegarde de l'ensemble de son tissu architectural se posent toujours avec autant d'acuité. À cet effet et dans le souci de tirer la sonnette d'alarme, une fois de plus, sur la dégradation de ce patrimoine, la fondation Casbah, lors de la réunion de son bureau exécutif, a soumis un projet de document de réflexion au conseil d'orientation. Un document dans lequel il est souligné que “malgré le fait avéré qu'un véritable arsenal juridique ait été mis en branle à l'effet sinon de la sauver, du moins de la préserver d'une lente agonie. Loi n°98-04 du 15 juin 1998 et le décret exécutif n°03-324 en date du 5 octobre 2003, relatif à l'établissement du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur des secteurs à sauvegarder… Cependant, ce haut fait civilisationnel et culturel demeure livré à une gestion induite le plus souvent par des actions quelquefois hâtives quand elles ne reposent pas sur des données discutables”, peut-on lire dans le texte de projet. Les membres du conseil posent essentiellement le problème de l'absence de communication entre les différentes parties directement liées au problème de la restauration depuis la promulgation de la loi du 15 juin 1998. “Au terme de cette période, il y a lieu de souligner que la société civile à laquelle nous adhérons pleinement vit une tristesse insondable, une situation confuse du fait du blocage à la fois inexplicable et grave constaté au niveau de la mise en œuvre du programme de sauvegarde de La Casbah.” Constitué à hauteur de 85 à 90% de bâtisses relevant de propriétaires privés, le document pointe du doigt la place et “l'importance du patrimoine immobilier privé” dans la législation. “à plus forte raison lorsque le législateur semble bien loin des solutions idoines qu'il y a lieu d'apporter aux problèmes tant techniques que financiers engendrés par une telle situation anarchique.” Plusieurs raisons “objectives” sont à l'origine de la non-application de la loi relative au financement des opérations d'intervention et de mise en valeur des biens culturels, notamment les propriétaires qui ne disposent pas de moyens financiers susceptibles de leur permettre d'honorer leur quote-part arrêtée unilatéralement par les autorités, la propriété commune à une multitude d'indivisaires sans possession de titre, les bâtisses illégalement occupées, les bâtisses appelées à être détruites… W. L.