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Naufrage en terre ferme
Publié dans Liberté le 24 - 01 - 2006

À force de bobos et de cabosses de toutes sortes, Oran, finalement, est en train de ressembler à ces vieilles voitures perpétuellement en panne, à ces teuf-teuf poussifs et déglingués qui feraient merveille comme pièces de collection dans un musée. Si ce n'est pas son bitume qui se gomme, c'est son asphalte qui s'évapore, et si ce n'est pas son vieux bâti qui s'effrite ce sont ses terrains qui s'affaissent et qui se lézardent.
Bref, la ville s'effiloche de jour en jour en y laissant un peu de sa toison. À chaque fois que souffle le vent, à chaque fois que siffle le gherbi et surtout lorsqu'il pleut, c'est le sauve-qui-peut et la cité est piégée, impossible de marcher à peu près correctement sur les trottoirs, difficile de rouler sur une chaussée trouée de flaques dont on appréhende mal la profondeur. La boue est omniprésente : elle est partout. La longue rue marchande de la bastille n'est plus qu'un couloir de gadoue infecté où même les bottes en caoutchouc ont du mal à se décoller d'un sol incroyablement gluant, visqueux. Et comme le vieux bâti n'a jamais été pomponnée au même titre que les façades qui servent de vitrine et donc d'attrape-nigauds aux touristes, tout ce qui est construit à la verticale dégringole. Sur le plancher, des vaches pour se coucher à l'horizontale.
26 maisons, aux dernières intempéries, ont piqué du nez dans la seule assiette de la commune, soit une maison qui s'écroule à chaque heure qui se vide. 7 milliards de dinars ont été alloués pour la réfection d'un bitume troué qui rappelle que, jadis, tous ces nids-de-poule furent une route, une avenue ou un boulevard. La gourbisation de la ville a atteint un tel degré de prédation dans l'ensemble du tissu urbain qu'il est presque impossible de deviner pour le promeneur attentif si c'est un café maure qui occupe une ancienne salle de cinéma ou si c'est un cinéma qui a pris la place d'un café maure. Tout est sens dessus-dessous.
À tel point qu'on a la vague et amère impression que les quartiers populaires sont descendus dans une ville excentrée, sans âme, sans repère, vidée du charme qui faisait sa provincialité. Les Oranais habitent à reculons. Un douar. Un immense douar où il ne manque ni poules ni chiens puisque des terrains vagues sont parfois utilisés en enclos.
Des enclos où ne poussent même pas un cactus qui “piquoit” ni une herbe qui “verdoit”. Avec l'eau, Oran a toujours eu un rapport ambigu, un rapport d'époux à maîtresse situé entre les liens du mariage et du branchage, non pour le meilleur mais toujours pour le pire. Lorsqu'il pleut à partir des falaises, Djanet dans les oasis s'enrhume et prend froid. Mais, c'est toujours le déluge quand bien même c'est la rosée qui humecte le goudron.
Des documents d'importance historique, témoins sans doute d'un legs patrimonial, ont été engloutis et perdus à jamais pour cause de flotte tombée par effraction.
Lorsque le ciel refuse d'ouvrir ses vannes et d'envoyer ses trombes, c'est toute la ville qui a soif et qui se met à téter goulûment jusqu'au dernier borborygme du robinet. En attendant, tout le monde se branche comme il peut, sur les bretelles interdites, sur les ceintures illicites. Bref, l'interdit n'a plus aucun sens car la pagaie est giratoire.
MUSTAPHA MOHAMMEDI


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