La filiale avicole en Algérie, à l'instar des autres secteurs de production, est quelque peu minée par l'informel. Le nombre d'éleveurs exerçant leur métier au «noir» n'est, jusqu'à présent, pas connu. Aussi, avec le spectre hideux de la grippe aviaire, la situation devient d'autant plus inquiétante que l'intervention des autorités concernées s'avère imminente. Néanmoins, pour M.Bouzid Boukersi, «il faut plutôt procéder à la moralisation de la profession, seul et unique moyen de lutter contre ce phénomène dont les conséquences sont néfastes pour la santé du consommateur». La menace provient, en effet, du fait que ces éleveurs ne respectent pas, dans la plupart des cas, les normes relatives à l'abattage ni même d'élevage des volailles. Pourtant, des abattoirs ont été bel et bien érigés à cet effet et ceux qui exercent la profession dans l'illégalité le savent pertinemment. «A l'échelle nationale, on compte des abattoirs bien équipés que les éleveurs peuvent approcher afin d'abattre leurs volailles destinées à la vente. De cette façon on peut épargner au citoyen tout risque de danger», souligne le président du directoire de l'Office national des aliments de bétail. A ce titre, il convient de signaler que les éleveurs exerçant dans l'illégalité sont souvent implantés à l'intérieur du pays. Ces zones échappent souvent au contrôle et à la surveillance de l'Etat. D'où la nécessité, quasi-absolue, de procéder à une opération d'assainissement de la profession. Les petits éleveurs ignorent, en effet, le danger qu'ils encourent en activant dans le «noir». Cependant, avec l'apparition de la grippe aviaire, la situation s'est retournée à leur désavantage. En effet, la psychose qui s'est propagée au sein des consommateurs algériens, a fait que ces derniers évitent l'achat des volailles. Cela, en dépit de la baisse remarquable des prix. Lesquels prix, faut-il le rappeler, ont diminué jusqu'à atteindre le seuil des 100 DA le kilogramme. Dans certains cas, les coûts sont arrivés même au-dessous du prix cité. Ainsi, les méventes enregistrées ont poussé ces éleveurs à se «désintéresser» de leur activité qui n'a pas seulement perdu de sa rentabilité mais elle les a implacablement ruinés. Les uns ont perdu jusqu'à leur capital. Ainsi donc, même si le virus H5N1 charrie des conséquences désastreuses, aussi bien pour la santé du citoyen que pour l'économie nationale, il n'en demeure pas moins que la menace a des avantages. «La faillite induite par cette psychose sur les éleveurs a causé la ruine de la majorité des «partisans» du marché parallèle», a indiqué M.Bouzid Boukersi. Il ajoute: «On peut dire, dans ce cas de figure, qu'à quelque chose malheur est bon». Le spectre de la pandémie de la grippe aviaire s'avère ainsi comme une arme à double tranchant : d'un coté, elle constitue un danger pour la santé publique, de l'autre elle permet de mettre un terme aux activités des éleveurs activant dans l'illégalité.