Les registres de la langue sont les niveaux d'usage que nous faisons de celle-ci. On distingue dans la plupart des langues trois registres : le registre de la langue familière, le registre de la langue courante et, enfin, le registre de la langue savante. Ces niveaux existent et fonctionnent à l'écrit comme à l'oral. Ils ne s'expriment pas seulement par le vocabulaire utilisé. Ils se manifestent également dans la façon de présenter la parole ou l'écrit. Les mêmes mots constituant une phrase peuvent changer d'un registre à un autre selon l'utilisateur et les différentes combinaisons qu'il réalise dans le montage de la structure de son énoncé. Ainsi donc, dans la langue berbère, on distingue les trois registres : Le berbère familier ou dit lewqam : il convient dans les situations où l'usage de la langue est spontané et considéré comme normal. Il est utilisé lorsque la situation n'impose pas pour ainsi dire un souci de correction ou de perfectionnement dans le choix des termes et où la construction particulière des phrases n'est pas exigée. C'est en un mot : la langue de tout le monde, de la conversation populaire et du quotidien. Mais cela n'annonce point un caractère dégradant de la langue. Le berbère courant ou dit taqbaylit : ce niveau convient dans des situations où l'usage exige un certain effort à exercer sur la langue et en dehors d'un besoin immédiat. Il intervient pour éviter certains termes considérés comme communs et impose une correction et une vigilance dans la construction des phrases. La conversation dans ce cas appelle à une élévation particulière de la langue et du jeu de la parole. On l'utilise pour s'adresser à des personnes connues (supérieurs, parents, professeurs...). Les praticiens du berbère courant utilisent souvent le jeu du sens propre et du sens figuré, l'allusion et l'incantation. C'est surtout le domaine de la poésie. Le berbère soutenu ou dit tamoussni : ce registre convient dans les situations où l'usage de la langue impose le respect strict des règles et de cohérence d'un berbère considéré comme le “bon berbère”. C'est l'usage privilégié de la rhétorique qui implique une véritable connaissance de la langue combinée à une élégance du style et de la parole. L'intervenant agit sur l'ensemble des mécanismes et outils de la langue tels le proverbe, la rhétorique, la métaphore, l'allégorie, l'image verbale, le symbolisme, l'atticisme. A. A.