Introduit en catimini par un député de l'UMP (parti politique français au pouvoir), l'article 4 de la loi du 27 février avait provoqué de nombreuses protestations. 19 historiens de renom avaient, notamment signé une pétition pour expliquer que le Parlement n'avait pas à légiférer sur des sujets relevant du domaine de l'histoire. Jeudi, l'intervention de Chirac a rencontré une adhésion massive de la classe politique en France. Le président de l'Assemblée nationale française, Jean-Louis Debré, a signalé à Canal Algérie et à l'APS que Chirac a voulu que “la réponse de la France soit claire et sans ambiguïté”. Pour Debré, “il y a le passé, mais regardons l'avenir”, d'autant que les défis auxquels est confrontée la France sont “les défis de la Méditerranée”. De son côté, M. Hamlaoui Mekachera, ministre des Anciens combattants, a estimé que la décision présidentielle est “une solution de sagesse et d'apaisement”. Pour le président de l'UDF, François Bayrou, la suppression du passage mentionnant le rôle positif de la colonisation était prévisible. “J'avais dit qu'on arriverait inéluctablement à cela”, a-t-il commenté sur France 2. Le ministre français de l'Outre-mer, François Baroin, s'est aussi félicité du geste de Chirac en ajoutant qu'elle “laisse le soin au corps des inspecteurs généraux de l'éducation nationale, aux historiens et aux spécialistes de rédiger les manuels scolaires”. Les députés de la gauche ont, par ailleurs, salué cette décision, la qualifiant de “décision de lucidité, de sagesse, de courage”. Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a estimé que “ce qui compte, c'est d'arriver à l'abrogation”. Pour Dominique Strauss-Kahn, député socialiste et initiateur de la pétition lancée sur un site Internet pour l'abrogation de cet article, “il ne s'agit pas de supprimer cet article pour des raisons juridiques, mais de l'abroger pour des raisons politiques”. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le PS maintient son appel à manifester le 25 février à Paris contre l'article 4 de la loi du 23 février, en attendant sa suppression “effective”. Le Parti communiste (PCF) a également donné sa version des choses. Selon lui, Chirac a été “obligé de reculer devant la pression populaire et la très vive émotion soulevée par l'évocation honteuse d'un rôle positif de la colonisation”. Quant à l'association SOS Racisme, elle a accueilli la décision “avec soulagement”, rappelant que “de nombreux articles reconnaissant le rôle positif de la colonisation restent présents”. L'association France Algérie s'est félicitée aussi de l'initiative prise par le président français, en attendant que le traité d'amitié “soit maintenant rapidement signé”. Le collectif “23 février”, regroupant une soixantaine d'associations, dont le Mouvement français contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), a jugé pour sa part “insuffisante l'abrogation du seul alinéa 2 de l'article 4”. Selon le collectif, l'article 2 “veut légaliser le 5 décembre, sans aucune référence historique, comme date de commémoration des victimes de la guerre d'Algérie”, alors que le numéro 3 propose une “fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie”. Enfin, il dénonce les “références tendancieuses à une période douloureuse” et l'article 13 relatif, notamment aux personnes ayant fait l'objet de “condamnations, de sanctions amnistiées, de mesures d'expulsion, d'assignations à résidence ayant dû de ce fait cesser leur activité professionnelle”, qui “permet d'indemniser et de réhabiliter les activistes de l'extrême droite et de l'OAS”. Seul le Mouvement pour la France, un petit parti souverainiste, a exprimé son opposition par rapport à l'initiative de Chirac. Son président, Philippe de Villiers, s'est insurgé contre la suppression du passage incriminé, le qualifiant de “honte” qui “s'inscrit dans une longue chaîne de reniements” vis-à-vis de l'histoire de France. H. A.