Le cabinet Tiers Consult vient d'élaborer une étude sur ce créneau dans laquelle il mentionne les avancées réalisées, les potentialités et surtout les contre-performances. Les matériaux de construction restent un créneau qui recèle des potentialités avérées, ayant des avantages comparatifs importants liés à un marché domestique favorable, des coûts intéressants, des ressources et une composante d'intervenants actifs. En dépit de ces aspects avantageux, il n'en demeure pas moins que le domaine présente une image contrastée, affichant à la fois de sérieuses avancées et des retards à rattraper. Ses différentes filières font également face à de nombreuses contraintes. De par sa contribution dans l'essor de l'économie nationale, il est urgent de lui adosser une stratégie à même de le réorganiser et de le restructurer. Le constat émane d'une étude élaborée par le cabinet Tiers Consult dans laquelle il a abordé toutes les questions relatives aux matériaux de construction. Cette branche, telle que conçue par le cabinet, se situe en amont d'un secteur de bâtiment et de travaux publics qualifié par tous de porteur de croissance bénéficiant d'un plan de développement, dont les résultats influent directement sur l'économie. La disponibilité des matières premières de qualité supérieure rend cette branche moins vulnérable vis-à-vis des chocs de l'extérieur. C'est un domaine qui se développe à un rythme accéléré du fait de la relance du secteur de la construction en Algérie caractérisée par les projets de réalisation de un million de logements d'ici à 2009, de 1 200 km d'autoroute, de 13 000 km de route, de 500 barrages et retenues collinaires et les infrastructures de base. Plus de 9 000 entreprises, avance l'étude, activent dans cette branche, abstraction faite des sociétés à caractère commercial et artisanal. Sur cet ensemble, près de 6 000 entreprises interviennent dans les matériaux de construction, 2 000 dans ceux en bois, 1 000 ont opté pour ceux en métal alors que 500 autres exploitent les carrières. Si 200 sociétés relèvent du secteur public, le reste, soit 7 800, sont des privés. Toutefois, les capacités des premières sont plus importantes. Les capacités installées ne sont exploitées néanmoins qu'à hauteur de 50 et 60% en légère amélioration par rapport aux années précédentes où le taux avoisinait les 40% seulement. Plus de 80 000 postes d'emploi sont, en outre, recensés dans ce domaine. La branche des matériaux de construction représente selon Tiers Consult, qui reprend une étude diagnostique effectuée par le bureau Booz Allen et Hamilton, 5,4% du chiffre d'affaires (CA) du secteur de l'industrie et 10,4% de sa valeur ajoutée. 5,4% du chiffre d'affaires de l'industrie “Cette branche dégage un excédent brut d'exploitation représentant environ 29% de son CA et un excédent net équivalent à 15% du CA”, révèle encore l'étude de Tiers Consult. Sans en être entièrement sûr, le cabinet indique que le CA réalisé par la branche est estimé à plus de 200 milliards de DA. La production nationale n'arrive pas à satisfaire la demande de plus en plus importante. D'où le recours à plusieurs opérateurs dans l'importation. Cette décision, constate le cabinet, affecte de façon sérieuse le niveau d'utilisation des capacités installées et celui du marché de l'emploi. Les importations en matériaux de construction sont considérables puisqu'elles ont atteint 80 milliards de DA rien que pour l'année 2003. Le ciment Clinkers, pour ne citer que ce produit, a été importé à raison de plus de 6 millions de tonnes d'une valeur qui dépasse les 24 milliards de DA en 2003. Les exportations, en revanche, restent marginales à cause, bien entendu, de l'importance du marché local. Il y a lieu de souligner que les prix sont encore relativement chers sur le marché national. L'étude de Tiers Consult a également abordé les différents produits composant la branche. Pour lui, l'industrie cimentière est lourde et nécessite des investissements conséquents d'autant plus que ses consommations d'énergie sont évaluées à 25% du coût de production. La demande du marché national en ciment est estimée à 11,5 millions de tonnes en 2004 avec une croissance qui atteint parfois les 9%/an. Les capacités de production implantées étaient de plus de 13,5 millions de tonnes en 2003 avec une production de plus de 8 millions de tonnes. Ce qui explique le taux faible d'exploitation dû essentiellement aux arrêts techniques, à la maintenance, aux rénovations… Le document de Tiers Consult dont Liberté a obtenu un exemplaire indique, cependant, que ces capacités de production ont été renforcées par celles de la nouvelle cimenterie du groupe Orascom, en l'occurrence Algerian Cement Cie (ACC) estimées à 200 000 tonnes portées à 4 millions de tonnes en 2005 après l'ouverture de la seconde ligne. Un créneau boosté par les projets structurants “Les effets de cette extension se sont fait sentir sur le marché, suite à une augmentation notable de l'offre en 2004, par une détente du rapport offre/demande, une baisse sensible des prix de vente au détail et celle des importations”, lit-on dans le même document. Ainsi, il est attendu que les capacités de production passent à 15,5 millions de tonne en 2005. Ce qui situerait la consommation annuelle par habitant à environ 470 kg soit 6% de moins que des pays comme la Grèce, l'Italie qui consomment plus de 500 kg. La relance du secteur du BTPH a engendré aussitôt une forte demande. Et compte tenu du déficit enregistré, le recours à l'importation était inévitable. Ces importations ont atteint ainsi 2,5 millions de tonnes de ciment et 3 millions de tonnes de clinkers en 2003. La demande pour ce produit connaît une croissance qui s'accentuera dans les prochaines années, notamment avec le projet de 1 million de logements en 5 ans soit 200 000 par an. Il faut savoir, précisera l'étude du Tiers Consult, que la construction d'un logement neuf nécessite au moins 17 tonnes de ciment. Les prix pratiqués par l'entreprise Gica en départ d'usine sont de 4 133,70 DA la tonne conditionnée en sac de 50 kg. Le sac de 50 kg est de 206,68 DA alors que la tonne en vrac est estimée à 3 614,56 DA. Le sac de 50 kg de ACC est de 256,23 DA. L'écart entre les deux entreprises est évalué à 25% pour des raisons, affirmera l'étude, inexpliquées. La demande pourrait atteindre 16 millions de tonnes en 2006 et dépassera cette quantité en 2007. Selon l'étude, les politiques de développement mises en œuvre n'apparaissent pas comme procédant d'une stratégie globale relayée par des sous-stratégies intereliées et fortement coordonnées entre elles. L'ensemble doit converger vers des objectifs précisés en ce qui concernent la demande, la production et le développement. Il est ainsi constaté une absence d'une convergence et d'un pilotage des actions développées dans le domaine des matériaux de construction. Le développement des filières tel qu'il a été observé, apparaît comme non conduit et les décisions d'investissement ne semblent pas procéder à des critères objectifs et précisés, s'inscrivant dans le cadre d'une stratégie maturée. Certaines filières, pourtant porteuses, ne sont, selon Tiers Consult, pas investies et d'autres connaissent encore de faibles niveaux d'investissement. à cela, il faut ajouter l'absence d'organisation et de régulation des marchés. Ce qui, suite à une libéralisation non conduite, comme non contrôlée est susceptible de créer des situations de nature à affecter des filières entières. Il est, en outre, relevé le manque d'intérêt accordé à l'information des ressources humaines pour cette branche. Les investissements sont, selon l'étude, souvent décidés par des entrepreneurs agréés par des institutions et financés par des banques sans une étude de faisabilité fiable et parfois en méconnaissance au moins partielle du contexte dans lequel ils s'insèrent. Badreddine Khris