Depuis la fin du mois d'octobre dernier et à intervalles réguliers, la région des Beni Chougrane enregistre de très fortes chutes de pluie qui autorisent les travailleurs de la terre à afficher un optimisme béat car ces averses constituent les prémices d'une bonne saison agricole. Néanmoins, la satisfaction n'est pas générale dans le milieu de ceux sur lesquels repose l'espoir du développement d'une wilaya à vocation agricole car une grande superficie de terre labourable est restée inculte faute d'être défrichée préalablement juste après les moissons de la précédente récolte. Ces réticents, ayant perdu la foi et redoutant les échecs, se sont abstenus à labourer, à semer et spéculer sur le don divin tirant des conclusions hâtives avec comme référence une décennie caractérisée par une sécheresse inhabituelle. Pourtant, des indices évidents annonciateurs de précipitations ont fait leur apparition précocement, susceptibles d'inciter les propriétaires de terrains à prendre des initiatives relatives à l'opération des labours et des semailles. Et c'est avec regret que ceux qui ont perdu confiance admirent leurs terres envahies par les eaux pluviales les empêchant même d'y pénétrer tant le volume est considérable. La terre engorgée d'eau n'a pu être asséchée comme le souhaitaient les paysans et c'est le cœur fendu qu'ils assistent impuissants à la perte d'une bonne opportunité, convaincus que d'une telle pluviométrie ne peut résulter qu'une bonne récolte. Et si la persistance de la pluie est favorable aux produits céréaliers, elle influe par contre sur les prix des agrumes qui affichent une hausse car les agriculteurs ne peuvent les arracher et inonder le marché, ce qui engendre leur rareté. Cette situation de fait est exploitée par les paysans qui écoulent leurs produits stockés (pommes de terre et oignons) en pratiquant des prix revus à la hausse au détriment des consommateurs condamnés à dépenser plus pour effectuer leurs achats. A. B.