La politique française d'une “immigration choisie” pour, notamment répondre aux besoins du marché local, “cache” l'urgence de “résorber le plus possible ce cancer social qu'est le chômage”, a estimé hier l'institut Montaigne, un organisme de réflexion sur les phénomènes de société. “Derrière la problématique de l'immigration se cachent, en effet, trois grands problèmes spécifiques à la France”, a écrit le président de cet institut, M. Claude Bébéar, dans une rubrique de presse, soulevant en premier lieu “le scandale” des discriminations à l'embauche dont sont victimes les demandeurs issus de l'immigration. M. Bébéar, également président du conseil de surveillance de l'assureur Axa, a ensuite fustigé l'enseignement supérieur français qui “oriente vers des impasses des cohortes de jeunes qui travaillent souvent dur pour décrocher ce qu'ils croient être un sésame pour l'emploi et qui n'est qu'un miroir aux alouettes”. Le second problème, “qu'aucune politique d'immigration choisie ne résoudra”, pose la question de “l'attractivité française”. Il a relevé que les jeunes diplômés français et des pays du Sud préfèrent immigrer en Amérique du Nord ou en Grande-Bretagne, “plutôt que de rester en France”. Enfin, “l'immigration choisie doit aussi permettre de recruter les salariés non qualifiés qui lui font défaut”, a-t-il ajouté, appelant à accorder la priorité aux quelque deux millions de demandeurs d'emploi faiblement qualifiés que compte la France. “L'immigration choisie est certes un progrès comme remède au manque de main-d'œuvre actuel et à venir. Mais nous devons d'abord mobiliser sur notre territoire les forces vives créatrices d'emplois et résorber le plus possible ce cancer social qu'est le chômage”, a-t-il ajouté. APS