Après avoir empêché le Soudan d'assurer la présidence de l'Union africaine, le Congrès américain s'attelle à faire capoter le sommet de la Ligue arabe, prévue les 28 et 29 mars prochain, à Khartoum. Un membre démocrate du Congrès américain a présenté un projet de résolution visant à empêcher le déroulement du rendez-vous soudanais de la Ligue arabe. Soutenu par trente-six de ses collègues, l'élu du New Jersey veut que des pressions soient exercées par les Etats-Unis sur les pays arabes afin que le sommet ne se déroule pas dans la capitale soudanaise pour que le régime du général Al Bechir ne puisse pas assurer la présidence de la Ligue arabe. Selon une source du Congrès, “la Maison-Blanche subira d'énormes pressions pour exécuter la résolution, une fois adoptée. Elle devra manifester clairement son refus de voir la Ligue arabe tenir son sommet au Soudan”. L'agitation des membres du Congrès est, semble-t-il, motivée par la situation sécuritaire prévalant au Darfour et surtout par le peu d'efforts fournis par le gouvernement soudanais pour mettre fin au chaos qui y prévaut. Selon l'initiateur du projet de résolution, il est impératif de faire capoter le sommet parce que “la Ligue arabe offrira à cette occasion une aide économique au Soudan, et que le sommet contribuera à encourager le régime soudanais à accomplir un génocide contre la population du Darfour”. Pour rappel, Washington accuse Khartoum de pratiquer une politique d'épuration raciale dans cette région en poussant environ 400 000 habitants à fuir leurs terres. Reste à savoir si l'Administration Bush accédera au vœu des membres du Congrès en raison du risque de provoquer une rupture totale avec le Soudan, au moment où une intense coopération entre les services du renseignement des deux pays permet aux Américains de recueillir des informations capitales sur l'activité terroriste dans cette région. En effet, la CIA a organisé dernièrement une visite à Washington du patron des services secrets soudanais, Abdallah Ghouch, au cours de laquelle il aurait fourni des renseignements capitaux sur la mouvance Al Qaïda de Oussama Ben Laden. La tenue du sommet annuel de la Ligue arabe est tributaire des positions qu'adopteront les autres membres de cette instance vis-à-vis des pressions qu'exerceront les Etats-Unis sur eux, si jamais l'Administration Bush fait sienne la résolution du Congrès américain. Il y a peu de chances pour que les régimes arabes ne cèdent pas et maintiennent leur décision d'organiser le sommet à Khartoum. Le fait que le Soudan ait été spolié du droit de présider l'Union africaine, alors qu'il avait été la terre d'accueil du sommet de l'UA, montre, si besoin est, que les Américains finissent toujours par avoir gain de cause quand il s'agit d'atteindre un objectif. Les pays africains avaient fini par plier face aux menaces US. K. ABDELKAMEL