La saisie l'année dernière de 30 kg de kif traité et d'une grande quantité de psychotropes donne un aperçu sur l'ampleur du phénomène de la drogue dans cette région. Peut-on parler de toxicomanie à Tiaret ? Doit-on s'affoler ? Comment et quels moyens mettre en œuvre pour lutter contre ce phénomène ? Autant de questions qui interpellent la société en général et les pouvoirs publics en particulier. Dans cette optique, le Centre d'information et d'animation de la jeunesse (Ciaj) de Tiaret a organisé, en début de cette semaine et ce, durant deux jours, des manifestations de sensibilisation auxquelles ont pris part de nombreux spécialistes et des représentants du mouvement associatif local. Encadrées par des médecins, des psychologues, des officiers de la Gendarmerie nationale et de la police ainsi que par des cadres de la Direction des affaires religieuses, pas moins de sept communications ont émaillé cet événement qui a drainé une affluence considérable composée essentiellement de jeunes scolarisés des différents paliers. Si les adolescents sont les principaux ciblés par cette action, c'est parce que cette frange de la société constitue une proie facile aux dealers, qui font des endroits comme les lycées et les universités leur terrain de prédilection pour écouler leurs marchandises. “La majorité de nos interlocuteurs, à travers le numéro vert de la cellule d'écoute, est issue de cette catégorie”, tient à confirmer une psychologue. Malgré la tentative des encadreurs de ces établissements ainsi que des éléments de la sûreté de mettre un frein à ce fléau en ces endroits bien précis, le danger ne fait que s'accentuer et les drogues ne cessent de franchir les seuils de ces institutions. Cependant, le constat devient plus accablant que jamais quand on sait que les bilans de la gendarmerie et de la police font état de la saisie d'une quantité dépassant les 30 kilogrammes de kif traité et d'une certaine quantité de psychotropes durant l'année 2005. Il va sans dire qu'en plus du cannabis, l'emprise de psychotropes a pris une ampleur vertigineuse ces derniers temps dans la mesure où ce produit s'achète, se vend et se consomme au vu et au su de tout le monde, car leurs prix sont très attractifs. “Certains dealers sont toujours aux aguets aux alentours de l'hôpital psychiatrique, où ces derniers peuvent aisément soutirer aux malades, souvent seuls, ces psychotropes”, témoigne un observateur. Cependant, à ces drogues citées, viendra s'ajouter celle qui est à la portée de tous les jeunes, l'inhalation des colles et autres produits tels que le cirage. Toutefois, si les drogues consommées diffèrent d'un milieu à un autre, elles différent aussi d'une catégorie à une autre. Généralement, ce sont les sujets démunis et vivant dans la précarité qui sont les plus exposés à ce phénomène qui les pousse à user de moyens parfois dramatiques pour s'offrir un joint ou un comprimé. Le fléau est également favorisé par la démission des parents, lesquels, à défaut de faire face à la situation, préfèrent fuir leur responsabilité. En substance, un médecin relatera en parfaite connaissance de cause : “La drogue est le refuge pour tous les jeunes qui souffrent. Il faut s'attaquer aux racines du mal et ne pas toujours se contenter de procéder par des arrestations, des soins ou des emprisonnements.” R. SALEM